Depuis quelque temps, déjà, des rumeurs passaient au travers des murs de la Maison de Santé, pour se répandre dans les rues et places des villages de la vallée de l’Agly : « La Maison connaîtrait des problèmes. La question de sa survie serait posée ».
Il y a cinq ans maintenant, les habitants des Fenouillèdes étaient particulièrement fiers, à juste titre, d’avoir un tel établissement sanitaire, à deux pas de chez eux : point de transports dans une clinique de la ville ; point d’allées et venues à l’hôpital Saint-Jean ou dans d’autres structures de ce type… En quelque sorte, ce droit fondamental, le droit à la santé pour tous, venait à la rencontre de l’arrière-pays, s’installait enfin dans une zone rurale fortement défavorisée économiquement.
L’embellie n’aura pas duré bien longtemps, d’après ce que charrie la rumeur, toujours pas officiellement démentie par les autorités à ce jour. Le plaisir d’apprécier une certaine reconnaissance du monde rural, une certaine attention, n’aura donc duré que ce que durent des amours trop emportés ?
D’où viendrait la difficulté ?
Elle semble émaner après renseignements pris, du fait qu’un médecin, faisant valoir ses droits bien légitimes à la retraite, déstabiliserait en quelque sorte le fonctionnement économique de la Maison de Santé ; fonctionnement reposant essentiellement sur le personnel de santé occupant à plein temps la structure. C’est-à-dire les docteurs.
Un soignant en moins et aussitôt les charges sont à répartir sur l’ensemble des occupants, au prorata du temps d’occupation. C’est le docteur restant, qui devrait assumer seul la plus grande part financière de location, de charges et de secrétariat.
De l’avis d’experts, ces charges sont trop importantes. Il vaut mieux s’installer dans un cabinet individuel. C’est ce que semble avoir décidé la jeune doctoresse restante. S’il en était ainsi, il serait fort probable qu’à la Maison de Santé on soit alors obligé de mettre la clé sous la porte. Le pire des scénarii si bien évidemment la rumeur venait à être confirmée.
La profession des docteurs ne peut en aucun cas être considérée comme la vache à lait dans un monde rural, où les difficultés pour l’installation deviennent récurrentes, posent d’énormes problèmes. Certains maires d’ailleurs travaillent pour essayer de pallier à ce type d’insuffisances… Nous ne parlerons pas de la surcharge de travail pour les médecins restant en activité. Ceci se traduit, il serait difficile pour eux de faire autrement, par des passages moins nombreux, surtout dans la population la plus âgée.
Où se situent les responsabilités ?
Après Tautavel, Tuchan (dans l’Aude) mais village voisin, Maury, qui connaissent également des difficultés pour l’installation de médecins, aujourd’hui c’est à Latour-de-France que cette triste réalité frappe à la porte, sans que jamais rien n’ai transpiré, mis à part les rumeurs, répétons-le.
Peu importe finalement à qui incombe la responsabilité. Au Département, à la communauté Urbaine Perpignan-Méditerranée Métropole (PMM), à la communauté de communes Agly-Fenouillèdes, aux maires des communes concernées ?… Le résultat est le même. Le monde rural risque d’être, une nouvelle fois, sacrifié sur l’hôtel de la rentabilité en matière de santé, victime d’une nouvelle injustice. C’est bien ce cri qui sort de la Maison de Santé. Ce cri qui tire la sonnette d’alarme, car à l’arrivée plane aussi la menace de la suppression d’emplois.
Les autorités concernées doivent dès à présent prendre leurs responsabilités et faire taire l’inquiétante rumeur, sinon air connu : « Qui ne dit mot consent » !
Joseph Jourda