Le 11 mai, le village du Boulou a encore été le centre d’événements violents dans le cadre des manifestations des Gilets jaunes. Il n’est plus à dire que le péage international est au cœur des luttes de part et d’autre d’une ligne jaune. Un mois après les derniers affrontements du 6 avril, le scénario qui s’est joué samedi dernier a déjoué bien des spéculations.
Suite aux appels au blocage de la frontière sur les réseaux sociaux, la préfecture avait mis les moyens en termes de forces de l’ordre. C’est vers 10 heures du matin qu’environ 300 personnes se mettent en marche en direction du rond-point de la caserne des pompiers. Ils se heurte au dispositif très serré des gendarmes locaux qui les laisseront malgré tout se positionner sur le rond-point. La circulation ne sera pas interrompue pour autant et c’est un début de filtrage qui va se mettre en place. Les manifestants essayent alors de se diriger vers le pont en direction du rond-point du péage. Ils seront stoppés définitivement à cet endroit. On peut entendre quelques quolibets pour des gilets jaunes restés plus loin et ne voulant se joindre à eux alors que d’autres scandent les slogans et autres revendications habituelles.
Le face-à-face entre gendarmes et manifestants va durer de longues heures à nouveaux. Une confrontation a lieu entre un automobiliste forçant le barrage filtrant et des gilets jaunes. Son pare-brise est cassé dans sa manœuvre. Il descend de son véhicule au milieu de la circulation, une bagarre éclate alors. Les gendarmes interpelleront le conducteur de la voiture avant qu’il ne se fasse lyncher par la foule. Au fil des minutes et de la tournure des événements, des manifestants quitteront les lieux, laissant la 100 à 150 personnes des plus déterminés avec quelques gilets jaunes plus modérés en observateur.
Les premières poubelles feront leur entrée en jeu, poussé par des manifestants cagoulés voulant prendre a parti les forces de l’ordre. Quelques galets lacrymogènes qui n’avaient pas fonctionné seront envoyés sur les gendarmes et non pas des grenades comme on a pu le lire dans différents médias. L’ordre sera donné immédiatement par les autorités présentes de charger les manifestants pour récupérer les poubelles et tenter de disperser la menace avec des gaz lacrymogènes.
C’est à ce moment-là que les forces de l’ordre vont modifier leur dispositif et faire entrer en action un engin blindé en première ligne ainsi que des gendarmes mobiles. Une deuxième action des manifestants avec des poubelles aura la même finalité que la première après une nouvelle charge des forces de l’ordre pour les récupérer. Celles-ci étant aussi en feu, un véhicule de pompier interviendra pour les éteindre. Il sera fait un usage modéré des tirs de gaz lacrymogène tout au long de la journée. Une quarantaine de grenades seront tiré par les lanceurs Cougar par exemple là ou c’est 10 fois plus qu’il en avait été lancé le 6 avril. Pour rappel, c’est plus de 500 grenades de tous types qui avaient été lancé ce jour-là.
C’est du côté d’une frange plus radicalisée des manifestants qu’une escalade sera à noter. Outre les traditionnels caillassages, pétards parfois accrochés à des « Cacatov » (flacon d’urine et d’excrément mélangé), on notera deux cocktails Molotov ou bien des fusées d’artifice de fort calibre… C’est en milieu de journée que les manifestants remontent en ligne vers les forces de l’ordre et seront à nouveau tenu à distance par des tirs de grenades lacrymogènes. Les gendarmes restant en retrait hormis pour interpeller un manifestant s’étant approché trop près d’eux. La manifestation se dispersera d’elle-même vers les 17 heures laissant les gendarmes dubitatifs. Ceux-ci en profiteront alors pour se lancer dans des interpellations en traquant les manifestants dans les rues aux abords du rond-point. Aucune blessure grave n’a été à déplorer de part et d’autre et 6 personnes ont été interpellées par les gendarmes.
Cette journée laissera nombre de questions en suspens : est ce que les contrôles d’identité en aval et notamment le fait d’avoir donné des amendes aura servi a calmer certains esprits. Est ce que l’utilisation du drone et de nombreux moyens vidéo et photo au sein des forces de l’ordre ont permis de savoir a qui on avait à faire en face et ainsi d’adapter la stratégie pour mieux les contrer ? Les prochaines actions qui se dérouleront dans la commune y répondront sûrement.
Laurent Sas.