C’est fait ! C’est officiel ! Et c’est un coup de théâtre qui risque de faire exploser la droite perpignanaise… Romain Grau (LR/ Les Républicains), 43 ans, marié, à la tête de l’entreprise de maintenance aéronautique New EAS (Rivesaltes), 1er adjoint de la Ville de Perpignan, conseiller départemental, a été investi officiellement par le mouvement politique du nouveau président Emmanuel Macron, La République en Marche, sur la 1ère circonscription des P-O, actuellement détenue depuis 2012 par le socialiste Jacques Cresta, conseiller régional.
Sa candidature sous l’étiquette « La République en Marche » fait imploser la droite perpignanaise
Romain Grau avait déjà averti le maire de Perpignan, Jean-Marc PUJOL (LR), quarante-huit heures avant son investiture, de la validation de sa candidature. Celle-ci a été officialisée, le jeudi 11 mai dernier, à 14h 30, comme la candidature de Sébastien Cazenove, référent départemental de « En Marche ! », qui a obtenu son billet électoral sur la 4ème circonscription.
Pour les deux autres circonscriptions restantes des P-O – la 2ème et la 3ème – il faudra attendre. Comme on dit dans le jargon médiatico-politique : « elles sont gelées ». Jusqu’à quand ? Langue au chat. Peut-être même qu’il n’y aura personne d’investi par « La République en Marche » face à Ségolène Neuville, la 1ère secrétaire de la fédération catalane du Parti Socialiste… ainsi que face au député sortant de la 2ème circo, Fernand Siré (LR/ Les Républicains), tant dans cette dernière circonscription le risque de voir le député européen « frontiste » Louis Aliot l’emporter est grand.
A suivre.
« LES YEUX DANS LES YEUX »
Mais que s’est-il passé depuis dimanche soir, à l’issue du second tour de l’élection présidentielle ? Car cette soirée-là, le député sortant de la 1ère circonscription des P-O, Jacques Cresta (PS), avait toujours le soutien (et les faveurs) de l’équipe « d’En Marche! » pour relever le défi des prochaines élections législatives. Et puis, subitement, la candidature de Romain Grau (LR) s’est imposée, petit à petit, de plus en plus, de mieux en mieux, jusqu’à ce mardi 9 mai où il se murmure que c’est carrément Emmanuel Macron qui aurait décidé d’investir personnellement le 1er adjoint de la Ville de Perpignan, avec lequel, dit-on, il aurait usé quelques culottes courtes sur les bancs de l’école (l’ENA)… A vérifier.
Le pire, c’est que la veille Romain Grau avait rencontré Laurent Rosello, l’assistant parlementaire du député Cresta, et il lui avait affirmé qu’il était candidat à rien : Je lui ai demandé « il paraît que tu as déposé ta candidature auprès de Macron ? ». Il m’a répondu, la main sur le cœur, les yeux dans les yeux : « Pas du tout ! C’est faux ! Moi, je ne suis candidat à rien ! Je ne postule à aucun poste… ».
« Les yeux dans les yeux » ? Cela ne vous rappelle pas quelqu’un ? Joker !
Romain Grau a gagné la première bataille, mais d’autres l’attendent en chemin, particulièrement compliquées, avant l’éventualité d’une victoire finale.
Le maire de Perpignan, Jean-Marc Pujol, dont il est le 1er adjoint, va-t-il lui retirer ses délégations ? Romain Grau va t’il être exclu du parti Les Républicains ?
A l’avenir, l’ambiance promet d’être houleuse, délétère, orageuse, pour le moins, au sein de l’équipe municipale, avant l’accès à la dernière ligne droite qui conduira aux élections municipales de 2020. Déjà, des candidat(e)s se bousculent au portillon pour faite chuter Romain Grau de son piédestal de 1er adjoint. Les noms les plus avancés sont ceux de Chantal Bruzzi (LR), Pierre Parrat (LR) ou encore Olivier Amiel (LR). D’autres, comme Laurent Gauze, sont déjà assis aux premières loges, discrètement installés dans les fauteuils d’orchestre, des places de choix pour tirer les ficelles sans se compromettre… Ni vu ni connu, mais au bout du fil : le sésame !
Romain Grau pourrait avoir pour suppléante une autre élue de la Majorité municipale perpignanaise, il serait question de Joëlle Anglade (LR). A confirmer.
IL SE PRÉSENTE… CONTRE TOUS SES AMIS !
Cette candidature de Romain Grau – sous cette étiquette-là et à cet endroit-là – que personne n’avait vu arriver au sein du Conseil va encore plus compliquer les débats internes à la droite républicaine, car indiscutablement elle aura des répercussions sur le tandem déjà investi (par LR) composé du bouillant maire de Pollestres, Daniel Mach, et de sa suppléante Christine Moulénat-Gavalda (LR), amie d’une proche de Jean-Marc Pujol, Fatima Dahine (LR), adjointe au maire, conseillère régionale.
En effet : quelle va être l’attitude des candidats déjà investis par Les Républicains et le centre (l’UDI) ? Pour les premiers, il s’agit donc de Daniel Mach, le maire LR de Pollestres et vice-président de la Communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole (PMM), qui a fait deux mandats de député (2002-2012) dans cette 1ère circonscription (avant d’être battu par Jacques Cresta)… Pour les centristes, il est question de Fabrice Villard, ancien directeur de cabinet de l’ex sénateur-maire de Perpignan Jean-Paul Alduy, soutenu donc par l’UDI… Ajoutez à cela que Romain Grau a été le suppléant du député Daniel Mach et vous aurez le pourquoi du comment du schisme perpignanais qui menace de faire imploser la droite locale !
Peut-être, peut-être ? que Romain Grau espère limiter la casse en s’étant assuré (en amont ?) du soutien de François Lietta, le jeune président du Comité départemental LR des P-O, dont il vient d’appuyer l’entrée au Grand Orient (Loge GO)… Là aussi, de quelle tonalité va être la riposte du secrétaire départemental de LR, un certain… Daniel Mach ?
A gauche, toujours dans cette 1ère circonscription des P-O, la situation n’est guère meilleure : Me Jean Codognès, investi par Europe Ecologie Les Verts (EELV) et le PS, tente de rassembler toutes les sensibilités. Et ce n’est qu’à cette condition qu’il pourra prétendre accéder au second tour des législatives ; pour cela rappelons que le score de 12,5% des inscrits sont nécessaires. Pour l’anecdote, il faut se souvenir que Romain Grau a siégé dans l’Opposition municipale à Perpignan, aux côtés de Jean Codognès, jusqu’en 2014… après avoir été l’assistant parlementaire du député-maire de Céret, Henri Sicre (c’était alors sur la 4ème circonscription des P-O)…
Vous suivez toujours ? Quand à Jacques Cresta, c’est sûr et certain selon son entourage : « Sans investiture, il ne repartira pas ». La gauche, pour peu qu’elle redevienne stratégique dans l’union, soudée autour d’une seule et unique candidature, celle de Jean Codognès, pourrait alors créer une heureuse surprise face aux divisions annoncées de la droite – Romain Grau, Daniel Mach, Fabrice Villard… – et à la candidate « Frontiste » assurée elle d’être présente au second tour.
Souvenons-nous que Jean Vila (PCF), maire de Cabestany depuis mars 1977, avant Daniel Mach avait occupé le siège de député (de 1997 à 2002) dans cette 1ère circonscription où, pour peu qu’elle soit fédérée, la gauche conserve des chances de l’emporter.
J-M. M.