Le PG 66 tenait sa désormais traditionnelle réunion publique de rentrée politique ce mercredi 26 août à Perpignan à la salle des Libertés. « Organiser le jour anniversaire de la proclamation de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 une réunion pour parler de la stratégie de la révolution citoyenne constitue un beau symbole qui tombe particulièrement à pic », faisait remarquer en préambule Catherine David, co-secrétaire départementale du PG 66.
Elle présentait ensuite les deux intervenants chargés de lancer et d’animer la conférence / débat, qui tous deux sont membres de la première heure à la fois du Parti de Gauche (2008) et du mouvement de La France Insoumise (2016). René Revol, venu du département voisin de l’Hérault, est maire de Grabels et vice-président de Montpellier Métropole. Francis Daspe, local de l’étape, vient de sortir un livre intitulé « 2022. Pour renverser la Table à la présidentielle » (Eric Jamet éditeur, août 2020). « La définition d’une stratégie est ce qu’il y a de plus honorable en politique. Or cela constitue souvent un angle mort de la réflexion militante. Nous offrons ce soir la possibilité d’en discuter de manière approfondie », poursuivait Catherine David.
René Revol commençait par présenter le contexte politique global qui se caractérise par l’existence d’une double crise : sanitaire et citoyenne. « La crise sanitaire en accroit toutes les dimensions, qu’elles soient écologiques, sociales, démocratiques ou géopolitiques. Elle exacerbe la crise citoyenne qui se traduit par un désintérêt de la chose publique, l’abstention, la remise en cause du consentement à l’autorité fondant toute démocratie ». Pour l’orateur, la solution nécessite de renouer avec deux héritages incontournables qui sont la condition nécessaire pour espérer gagner. « L’héritage républicain promouvant un humanisme civique nous invite à réaliser pleinement la promesse républicaine abîmée par le règne de la loi du marché et des intérêts particuliers. L’héritage socialiste nous pousse à accorder la priorité à la recherche de l’égalité et de l’émancipation. Ce qui nous conduit à poser la question de la propriété, aussi bien par l’angle du patrimoine que celui de la disposition des moyens de production ». Pour René Revol, ces deux héritages gardent toute leur signification à l’heure de la crise écologique. « Cela montre l’urgence de la réappropriation des biens communs pour tous qui ne pourra se réaliser qu’en affrontant une minorité d’intérêts privés, ce qui peut aussi se nommer lutte des classes ».
Francis Daspe reprenait une formule de René Char citée quelques minutes auparavant par René Revol, indiquant qu’un héritage n’est précédé d’aucun testament. « Cela signifie aussi qu’il n’existe pas en politique de rentes durables pour qui que ce soit. Cette réalité nous oblige à un effort de réflexion sur la stratégie qui doit être marquée du sceau de la cohérence et de la constance, et à ne pas nous contenter de simples tactiques de circonstances ». Il illustrait son propos en listant les logiciels politiques désormais périmés, comme les logiques de cartels se fondant sur une arithmétique douteuse, les improbables tentatives de rassemblement de la gauche sur le modèle de la gauche plurielle de jadis, les gestions clientélistes désuètes, les impasses du capitalisme vert voulant faire croire à la compatibilité entre l’écologie et l’économie de marché, ou encore certaines dynamiques citoyennes ne bénéficiant qu’à des premiers de cordée aspirant à la notabilité locale.
« La crise démocratique surplombe toutes les autres crises, comme l’ont montré le mouvement des Gilets jaunes en recherche de souveraineté populaire ou la récurrence d’une forte abstention qui n’est nullement abstentionniste par les messages qu’elle nous délivre », développait Francis Daspe. Il poursuivait en indiquant que le mérite principal de La France Insoumise et de Jean-Luc Mélenchon résidait dans le fait qu’ils avaient ouvert au plus grand nombre la possibilité d’une perspective majoritaire. « Cela passe par la poursuite et l’approfondissement de la stratégie dite populiste de fédérer le peuple. Pour ce faire, il s’agit d’intensifier l’implication populaire et de s’appuyer sur le concept de démocratie plébéienne qui prenne en considérations les aspirations et les revendications du plus grand nombre en respectant la souveraineté des citoyens ».
Face à l’insuffisance générale des offres politiques lors des dernières municipales, une nouvelle séquence politique s’ouvre qui se clôturera avec la présidentielle de 2022. « Pour chacune des forces politiques, il existe des incertitudes majeures pour l’instant non résolues, mais aussi des trous de souris qu’il conviendra d’emprunter et d’élargir pour espérer gagner une élection qui sera à nulle autre pareille », concluait Francis Daspe en faisant part de son optimisme.