Du 11 au 14 juin 2019, des enseignantes-chercheuses du laboratoire CRESEM de l’Université de Perpignan organisent à Perpignan un colloque exceptionnel sur une thématique majeure à l’heure des changements globaux et de notre perception nouvelle de l’environnement : comment les humains perçoivent-ils, pensent-ils et vivent-ils la nature sauvage en milieu urbain ?
Ce colloque rassemblera une centaine d’enseignant.e.s et de chercheurs et chercheuses de différentes disciplines, d’écrivain.e.s, une artiste graffeuse, des artistes sculpteurs et autres, des danseurs et danseuses venus de toute la France, de Belgique, du Canada, d’Espagne, des États-Unis, de Finlande, de Grand-Bretagne, d’Italie, de Pologne, de Russie, de Suisse, et de Turquie. Conférences, danses, performances, graffiti en live, films, lectures se succéderont durant quatre jours à Perpignan, la majeure partie étant ouverte au grand public.
Contrairement à ce qui est insinué de façon erronée par la modernité, la nature ne commence pas là où s’arrête la ville, à la périphérie des lieux citadins ; au contraire, elle se fond de façon inhérente à la vie quotidienne pour la majorité des humains qui vivent dans des zones densément peuplées. En même temps que, désormais, plus de la moitié de l’humanité réside dans des espaces urbains (une tendance estimée en constante hausse pour les décennies à venir), les formes de vie non-humaines co-évoluent avec les humains dans des environnements qu’on ne saurait plus penser de façon antagoniste par rapport au concept de nature.
Si les prétendus modernes voudraient trouver refuge dans la notion d’un lieu de résidence civilisé qui permettrait de tenir le sauvage à distance, une vision à ce point anthropocentrée rend néanmoins aveugle à cette coexistence qui échappe en partie à notre contrôle de myriades de formes de vie au sein de nos plurivers partagés urbains et périurbains, emmurés, grillagés ou sécurisés. Il suffit ainsi de songer à la pullulation de coyotes dans les banlieues nord-américaines, de hyènes tachetées dans les villes éthiopiennes, de renards dans les métropoles européennes, de ratons laveurs dans les bois parisiens, de perruches chatoyantes colorant le ciel à Bruxelles, de geckos sur les murs des maisons en Inde, en Espagne (et, de fait, à Perpignan), ou encore aux intrusions nettement moins extraordinaires de cafards, de fourmis ou d’autres insectes au sein de nos écosystèmes citadins, pour guérir de l’illusion selon laquelle il existerait une dichotomie séparant les humains et les villes des nonhumains et de la nature.
Qui plus est, bien qu’aux premiers abords ces animaux non domestiques soient souvent considérés comme nuisibles ou dangereux, nous assistons à un effort croissant de la part de communautés locales pour accorder une place nouvelle aux intra-actions potentielles entre ces différentes populations (que celles-ci soient issues du monde végétal, animal, humain ou autre). Pour ce qui est des plantes, la prolifération sauvage de « mauvaises herbes », l’abrogation des pesticides en ville, l’aménagement de parcs urbains, de balcons, de trames vertes, de jardins, etc. participent à faire de ces populations végétales des êtres présents dans nos trajets, promenades, loisirs et lieux de travail quotidiens, entre autres.
Le présent colloque international a pour vocation de prolonger les recherches précédemment menées lors de colloques en 2016 et 2017, tout en élargissant le mouvement de réenchantement des relations complexes et souvent invisibles entre humains et extra-humains, relations enracinées cette fois dans des mondes en devenir spécifiquement citadins. Bien que les organisatrices du colloque soient spécialisées en écocritique et écopoétique, elles souhaitent encourager les dialogues transdisciplinaires et ont incité de ce fait, les chercheurs et chercheuses ainsi que les artistes d’horizons divers et variés à se rassembler afin de faire avancer la recherche et la pensée contemporaines concernant les systèmes complexes nichés au quotidien dans les écosystèmes urbains.
Le sauvage urbain un colloque pour percevoir, penser et vivre avec la nature en ville : le programme
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