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dimanche 13 avril 2025

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Le seul col des Pyrénées où une goutte de pluie peut finir dans 2 océans

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Le col de Puymorens s’étire comme une artère silencieuse entre la vallée de l’Ariège et la Cerdagne, à 1 915 mètres d’altitude. J’arrive par la route nationale 320, le vent pyrénéen jouant dans mes cheveux. Autour de moi, les cimes encore tachetées de neige en ce mois d’avril 2025 se dressent comme des sentinelles. Voici un col qui raconte l’histoire frontière entre deux mondes, longtemps passage obligé avant que le tunnel ne détourne l’essentiel du trafic en 1994. Mais c’est justement ce qui fait aujourd’hui son charme : une traversée montagnarde préservée, loin de l’agitation.

Entre deux mondes : l’histoire fascinante du sentier muletier devenu route

Avant même que les voitures ne gravissent ses lacets, le col de Puymorens servait de frontière naturelle entre le royaume de France et la principauté de Catalogne. Le traité des Pyrénées de 1659 en a fait un passage stratégique dont l’importance n’a cessé de croître. Les muletiers le franchissaient chargés de marchandises, traçant un chemin que la route viendra enfin concrétiser en 1914.

La guerre économique n’a pas épargné ces hauteurs. À 2 100 mètres d’altitude, une mine de fer exploitée jusqu’en 1966 témoigne de l’activité industrielle qui a rythmé la vie locale pendant des décennies. Ces galeries abandonnées racontent l’acharnement des hommes à extraire la richesse des entrailles de la montagne.

Le col lui-même est une frontière hydrologique remarquable, séparant les eaux qui rejoindront l’Atlantique de celles qui se jetteront en Méditerranée. Une goutte de pluie tombée quelques mètres plus à l’ouest ou à l’est connaîtra un destin radicalement différent, parcourant des centaines de kilomètres vers des mers opposées.

Un paradis pour cyclistes au cœur des Pyrénées catalanes

« C’est l’un des cols les plus accessibles des Pyrénées », me confie Marc, cycliste perpignanais que je croise en pleine ascension. Le dénivelé depuis Ax-les-Thermes s’élève à 1 200 mètres sur 27,2 kilomètres, avec une pente moyenne de 4,4% – un challenge sans être un calvaire. Depuis Latour-de-Carol, le défi est moindre avec 670 mètres de dénivelé sur 18,8 kilomètres.

La beauté de l’ascension tient dans ses contrastes. Les premiers kilomètres serpentent entre forêts de pins sylvestres et hêtraies, avant que la végétation ne s’estompe progressivement pour laisser place aux alpages. En ce début de printemps, les gentianes et les premières anémones pulsatilles pointent timidement entre les roches.

Le col est traversé par le sentier de grande randonnée 107, connu comme le chemin des Bonshommes – cette ancienne voie empruntée par les Cathares fuyant les persécutions. Comme d’autres territoires montagneux français, il mêle patrimoine historique et beauté naturelle.

Conseils pratiques pour une visite mémorable

Quand l’heure dorée transfigure la montagne

Pour les photographes, le col offre des opportunités exceptionnelles. Positionnez-vous au km 15 sur la N320 juste avant le coucher du soleil (vers 18h30 en avril) pour capturer les dernières lueurs du jour caressant les névés. La lumière rasante révèle alors le modelé des crêtes avec une précision saisissante.

Les virages en épingle entre les kilomètres 10 et 12 offrent également des compositions graphiques saisissantes, surtout photographiés en plongée depuis les surplombs rocheux. Comme à Escaro, petit village catalan d’altitude, la vie ici semble suspendue entre ciel et terre.

Explorer les trésors cachés

Ne manquez pas le torrent du Carol au bas du col, où les eaux cristallines dansent sur les galets noir de jais. À mi-journée, les reflets du soleil y sont particulièrement photogéniques. Cherchez également l’abri de pierre sèche au kilomètre 5, vestige d’un temps où les voyageurs devaient parfois bivouaquer face aux caprices de la météo.

Pour les plus aventureux, depuis Perpignan, porte d’entrée des Pyrénées catalanes, programmez un circuit incluant plusieurs cols, chacun offrant une perspective unique sur ce massif transfrontalier.

FAQ : Tout savoir sur le col de Puymorens

Le col est-il ouvert toute l’année ?

Le col peut être fermé pendant l’hiver selon les conditions météorologiques. En avril, il est généralement accessible, mais vérifiez les conditions avant de partir, surtout après de fortes chutes de neige.

Comment éviter les foules ?

Privilégiez les visites en milieu de semaine et tôt le matin. Les week-ends d’été peuvent être plus fréquentés, mais le tunnel absorbe une grande partie du trafic.

Quelles sont les meilleures périodes pour la photographie ?

L’aube et le crépuscule offrent les lumières les plus dramatiques. En avril, l’heure dorée se situe entre 18h et 19h30, idéale pour capturer les contrastes entre neige et roches.