Lettre de Christine Espert, Présidente du MoDem 66 , aux adhérents des Pyrénées-Orientales…
« Chers amis,
J’espère que cet été vous aura permis de vous ressourcer et que vous êtes en pleine forme pour cette rentrée.
Je sais que les temps de rentrée sont toujours très chargés pour chacun d’entre nous ce qui complique l’organisation de réunions dans des temps courts.
Je vais par ailleurs être retenue quelques jours pour un déplacement professionnel sur Rennes, mais je tenais néanmoins à vous faire, au plus vite, un point sur les prochaines élections régionales. J’ai donc choisi de vous écrire.
Pour rappel quelques éléments :
Certains de ces points avaient été évoqués lors de nos réunions de fin avril et juin mais je crois qu’il est bien de reposer le contexte.
Les instances nationales ont nommé Robert ROCHEFORT (député européen), chef de file pour organiser l’élection dans la future grande région. Robert souhaitant par ailleurs être candidat dans un des départements de la grande région.
Début mai, à la demande de Robert je participais à Carcassonne à une réunion avec l’ensemble des présidents et délégués MoDem de la grande région.
A cette occasion, j’ai exprimé à Robert et à l’ensemble des présents ma déception de voir que le MoDem ne respecterait pas ce qui fait un de ses marqueurs : le non cumul des mandats (qui faisait partie de nos exigences en matière de moralisation de la vie publique). J’ai également insisté à cette occasion sur la fragilité de la région Languedoc Roussillon qui connait de grandes difficultés socio-économiques et qui est soumise aux coups de butoirs de plus en plus forts du FN…et que face à cette situation nous avions le devoir, d’envoyer des signaux positifs, et de consolider la nouvelle voie politique que nous essayons de construire dans nos territoires depuis plusieurs années.
Fin mai, en convention régionale à Narbonne (certains d’entre vous étaient présents), j’animais un atelier de travail sur « l’équilibre des territoires » et je rappelais encore en réunion plénière, la nécessité :
– de rester en contact permanent avec la réalité quotidienne de nos concitoyens,
– à mettre en avant nos productions et en particulier la production agricole qui est un pan économique structurant de notre grande région,
– de redonner de l’exigence à la pratique politique ! J’ajoutais que les partenariats politiques que nous serons amenés à construire devront être en cohérence avec cela.
J’ai tenu les mêmes propos en bureau exécutif du MoDem quelques jours plus tard devant François BAYROU en insistant sur l’idée, que nous devons montrer aux citoyens, aux électeurs que nous ne renierons pas nos engagements et nos parcours et que la construction de notre voie politique vaut bien plus que tous les strapontins !
Dés début juin Robert ROCHEFORT a engagé les premiers contacts avec Dominique REYNIE (« Les Républicains ») en vue d’un accord « MoDem – « Les Républicains »).
Dominique REYNIE qui a choisi Jean-Marc PUJOL (maire de Perpignan) animateur de campagne pour les Pyrénées-Orientales. A cette nomination s’ajoutent, les noms de Bernard DUPONT, Fatima DAHINE et Daniel MACH (tous déjà élus de la ville de Perpignan ou de l’agglo)qui sont avancés comme tiercé de tête pour la liste de droite dans le 66….
Ce qui signifie que la déclinaison locale de la stratégie de notre Parti, nous obligerait à soutenir ceux que l’on tient pour responsables de l’état dans lequel se trouve Perpignan et l’agglo et contre lesquels nous nous sommes parfois durement opposés.
Dans ces conditions, le 4 juillet j’informe Robert ROCHEFORT qu’il est pour moi hors de question de m’asseoir à une table de discussion face à des gens qui sont comptables de la situation dramatique dans laquelle se trouve Perpignan, et l’agglo ! Je ne perdrai pas mon temps à discuter avec cette « UMP » perpignanaise qui a coup de reculades et de pratiques désastreuses fait le lit du FN et de l’abstention ! Si sur Perpignan le FN atteint des seuils de l’ordre de 35%, ce n’est pas par le fait du hasard, si les indicateurs socio-économiques sont tous dans le rouge ce n’est pas par « l’opération du Saint Esprit »….c’est la triste conséquence de la politique menée depuis plus de 20 ans par ces élus !
Je ne détruirai pas ce que nous avons construit, pour une hypothétique place qui aurait pu m’être réservée!
Robert m’a recontactée il y a quelques jours pour me demander de lui donner des noms de militants du MoDem66 à mettre en position non éligible sur la liste avec Les Républicains, si l’union finit par se faire.
J’ai refusé de donner un nom de manière arbitraire qui plus est pour aller faire « bouche trou » et participer à quelque chose en lequel je ne crois absolument pas et que je ne soutiendrai pas. Cela est pour moi une question de respect pour une équipe qui m’a toujours fait confiance*.
Je suis profondément attachée à notre formation politique et aux valeurs qui sont les nôtres mais je ne braderai pas le travail que nous avons mené ici en Pays Catalan, je ne sacrifierai pas nos efforts à construire, aussi difficile soit-elle, une autre idée de la politique, sur l’autel des intérêts partisans imposés.
La construction de la future grande région est un enjeu important pour notre Pays Catalan qui doit y prendre toute sa place ! C’est l’avenir de nos enfants, ici. J’ai évoqué ces dernières semaines le défi de cette nouvelle organisation régionale avec d’autres présidents, des élus de la région et hors région, dont Philippe SAUREL (maire de MONTPELLIER, et chef de file de « citoyens du midi ») qui porte une ligne politique citoyenne hors des partis et qui s’appuie sur la défense des équilibres territoriaux au sein de la grande région.
Je vais poursuivre ce travail politique de rencontres et de contacts.
Travailler, rassembler, écouter les différences, combattre les sectarismes et les dogmatismes cela a toujours été ma ligne, cela a toujours été ce que nous avons porté ensemble !
Mais quand le rassemblement se construit sur le reniement d’une politique que nous avons défendue, et qu’il s’appuie juste sur une ambition comptable pour quelques miettes d’élus improbables, alors je dis NON !
J’ai déjà tenu cette position dure, dans de précédentes élections et je ne lâche pas ! Le Pays Catalan, et Perpignan, ont besoin de cette intransigeance !
Ce n’est qu’à ce prix que les électeurs retrouveront confiance en la pratique politique.
Ce choix me met aujourd’hui en marge des choix nationaux de notre Mouvement. Je le regrette mais je l’assume.
Quand on se plie à tout pour se faire élire, quand pour cela on est capable de toutes les soumissions alors une fois élu…on n’est pas capable de tenir tête aux systèmes, aux arrangements, aux lobbying…à tout ce qui plombe notre Pays… !
Voilà, les éléments à ce jour en ma possession et dont je tenais à vous faire part.
Je vous tiendrai informés des évolutions en ma connaissance, nous organiserons au plus vite une réunion mais je suis dans l’immédiat à votre disposition pour répondre à toutes vos questions. »