Ligne à Grande Vitesse
Le TGV Perpignan-Montpellier verra-t-il le jour, un jour ?
Son report aux calendes grecques constitue un obstacle au développement économique de l’axe Barcelone-Lyon
La commission « Mobilité 21 » (présidée par le député Philippe Duron), chargée de fixer les priorités en matière de transport, a tranché : pour des raisons financières, elle n’a pas retenu, entre autres dessertes ferroviaires, la liaison TGV Perpignan-Montpellier.
Tollé général dans la classe politique régionale, toutes tendances confondues, notamment à Perpignan et sur le sol roussillonnais où, la semaine dernière encore, on a vu des élus de droite et de gauche ne décolérant pas décoller ensemble, dans le même avion, pour aller protester à Paris…
Dans son rapport intitulé « Pour un schéma national de mobilité durable », remis le 27 juin dernier au Premier ministre Jean-Marc Ayrault (PS), ladite Commission avait pour mission de hiérarchiser les projets du Schéma National sur les Infrastructures de Transport (SNIT), élaboré en 2011 par le précédent gouvernement (celui de François Fillon, UMP), et évalué à 245 milliards d’euros sur un quart de siècle…
Dans ce rapport, la Ligne à Grande Vitesse (LGV) devant relier Perpignan à sa métropole régionale, Montpellier, n’a pas été retenue comme projet prioritaire à mener sur la période 2014-2030.
Depuis cette annonce, la tension est palpable, localement, où élus politiques et économiques, chefs d’entreprise et décideurs, n’en finissent plus de critiquer ouvertement cette décision unanimement qualifiée de « ruineuse » pour l’économie départementale, en la privant d’un chantier « pharaonique ».
Mais il n’y a pas que du côté français des Pyrénées que « l’absurdité » d’une telle décision est fustigée, du côté espagnol, en Catalogne plus précisément, on s’inquiète de ce choix : récemment encore, le président de la Chambre de commerce de Gérone, Domènec Espadalé, a estimé, dans les colonnes de l’hebdomadaire économique régional La Lettre M, que « le report de la Ligne à Grande Vitesse Montpellier-Perpignan fait manquer une opportunité unique de stimuler l’économie de la région (…) ». Il a réclamé un chaînon doté « des mêmes caractéristiques techniques que les tronçons Barcelone-Perpignan et Montpellier-Lyon, sans quoi des discontinuités feront obstacle au corridor méditerranéen (…) ».
Rappelons que les Catalans du sud, à l’initiative de la Generalitat, entre autres institutions, avec le Conseil des Chambres de commerce de Catalogne, ainsi que les ports de Barcelone et Tarragone, ont fondé récemment un Comité de développement intermodal du transport de marchandises.
Cet outil s’inscrit dans le cadre de la participation catalane au projet européen iFreightMED-DC ; il défend l’amélioration du réseau ferroviaire longeant la côte méditerranéenne. Selon Santi Vila, conseiller du Territoire de Catalogne, il s’agit de créer un « lobby » de défense du transport combiné. Le transport ferroviaire de marchandises représente 2 à 3% seulement du total du flux qui transite par la Catalogne espagnole, dans une prépondérance du transport routier, mais certains territoires voisins dépassent déjà les 20%.
Le projet européen iFreightMED-DC bénéficie d’un budget de près de trois millions d’euros issus du Fonds européen de développement régional (FEDER) ; il a été présenté à l’Agglo de Perpignan (PMCA). Il doit permettre de détecter les points de blocage sur les axes ferroviaires sud-européens, notamment à la jonction franco-espagnole. Ce projet doit être finalisé d’ici juin 2015.
L’abandon, par le gouvernement français, pour les deux décennies à venir, du projet de la LGV entre Montpellier et Perpignan pourrait avoir des conséquences non négligeables sur son élaboration.