Manuel Valls, premier Ministre, et l’écrivaine Lydie Salvayre, lauréate du prix Goncourt 2014, seront présents à Argelès-sur-Mer vendredi 20 février à partir de 17 heures, dans le cadre de la manifestation Les chemins de la Retirada.
Cela s’inscrira parmi les événements marquants de l’année 2015 à Argelès-sur-Mer : l’écrivaine Lydie Salvayre, lauréate du prestigieux Prix Goncourt, sera présente à Argelès-sur-Mer les 20 et 21 février prochains dans le cadre de la manifestation Les chemins de la Retirada. Cette visite, initiée par la Ville, dépasse largement les frontières de la littérature…
« Sans doute, le moment est-il venu pour moi de rendre cette visite (à Argelès-sur-Mer) même si ma crainte d’être bouleversée démesurément demeure » (Lydie Salvayre)
Genèse d’une visite
Quand le député-maire d’Argelès-sur-Mer Pierre Aylagas apprit que Lydie Salvayre avait été couronnée en novembre dernier par le jury du prix Goncourt pour son roman Pas pleurer, il s’empressa de lui adresser ses félicitations et de l’inviter à Argelès-sur-Mer pour les commémorations de l’exode républicain espagnol. Le maire envoya ce message à la lauréate du prix le plus prestigieux en langue française comme une bouteille à la mer. En effet, l’agenda d’un Prix Goncourt, dont toutes les grandes villes françaises se disputent la venue, est particulièrement dense. Pierre Aylagas s’arma de patience pour attendre la réponse, mais à sa grande surprise, celle – ci fut très rapide, Lydia Salvayre exprimant son accord en des termes chaleureux. Elle, dont la mère a séjourné dans le camp d’Argelès-sur-Mer en 1939, suite à la Retirada (exil des républicains espagnols au moment de la victoire des franquistes) s’en est ensuite expliquée dans un texte émouvant.
Une histoire de cœur
« J’avais toujours reporté à plus tard ma visite à Argelès-sur-Mer, comme on reporte à plus tard une chose que l’on sait capitale mais dont on craint qu’elle ne nous bouleverse démesurément.
Sans doute, le moment est-il venu pour moi de rendre cette visite, même si ma crainte d’être bouleversée démesurément demeure.
Sans doute, le moment est-il venu pour moi de dire haut et fort que la lutte de ceux qui furent parqués dans le camp d’Argelès-sur-Mer dans les conditions que l’on sait, que cette lutte, disais-je, était toujours vivante dans nos cœurs et dans nos esprits, et qu’elle n’avait pas fini de résonner encore et encore.
René Char écrivait qu’à chaque effondrement des preuves, le poète répondait par une salve d’avenir.
Je vous propose, qu’au nom de tous les républicains espagnols qui passèrent par Argelès-sur-Mer en 1939, nous répondions ensemble par une salve d’avenir. »
Le programme de la visite de Lydie Salvayre
Vendredi 20 février
A 17 heures : dépôt d’une gerbe au cimetière des espagnols (Avenue de la Retirada)
à 18 heures : l’auteur et le député-maire inaugureront l’exposition Des camps sur le sable au mémorial du camp d’Argelès-sur-Mer (espace Jules Pams, Valmy).
Cette exposition propose des photos inédites des camps d’Argelès-sur-Mer, de Saint-Cyprien et du Barcarès.
Ce moment solennel semble opportun pour les représentants des médias : ils pourront rencontrer Lydie Salvayre et quelques personnes ayant séjourné dans ces camps à partir de 1939 et qui
délivreront de précieux témoignages.
Samedi 21 février à partir de 14 h 30 : Lydie Salvayre sera présente à l’espace Jean-Carrère lors du salon du livre du livre organisé par FFREEE (Fils et filles de républicains espagnols et enfants de
l’exil) également dans le cadre de la manifestation Les chemins de la Retirada. Elle y dédicacera son roman, Pas pleurer.
Par ailleurs, l’écrivaine assurera une séance de dédicace le samedi 21 février à partir de 10 h 30 à l’Hôtel Pams (Perpignan), sous l’égide du Centre méditerranéen de littérature.
En savoir plus sur…
Lydie Salvayre
L’écrivaine est née en 1948 à Autainville d’un couple de républicains espagnols exilés dans le sud de la France depuis la fin de la Guerre civile espagnole. Son père est andalou, sa mère catalane. Elle passe son enfance à Auterive, près de Toulouse, dans le milieu modeste d’une colonie de réfugiés espagnols. Le français n’est pas sa langue maternelle, langue qu’elle découvre et avec laquelle elle se familiarise par la littérature.
Après son bac, elle suit des études de Lettres à l’Université de Toulouse, où elle obtient une licence de Lettres modernes, avant de s’inscrire en 1969 à la Faculté de Médecine. Son diplôme de médecine en poche, elle part se spécialiser en psychiatrie à Marseille où elle exerce plusieurs années comme psychiatre à la clinique de Bouc-Bel-Air.
Lydie Salvayre commence à écrire à la fin des années 1970.
Après plusieurs sélections de romans pour des prix littéraires dont le prix Hermès du premier roman, son œuvre La Compagnie des spectres, en 1997, a reçu le Prix Novembre, puis a été élue Meilleur livre de l’année par la revue littéraire Lire. Elle a également obtenu le prix François Billetdoux pour son roman B.W.
En 2014, elle reçoit le prix Goncourt pour son roman Pas pleurer.
Son œuvre est traduite dans une vingtaine de langues.
(Source : Wikipedia et La République des lettres)
« Pas pleurer »
Le roman évoque la guerre civile espagnole qui éclata le 18 juillet 1936, à travers le récit que Montse, la mère de Lydie, fait à sa fille à un âge avancé. Dans son langage, l’espagnol émerge quand la vieille dame ne trouve pas les mots en français. Le contraste est d’autant plus grand que l’auteur a aussi recours à la grande voix de Georges Bernanos qui, surpris par la guerre civile dans l’île de Majorque, est révolté par la féroce répression franquiste contre les gens du peuple soupçonnés d’être de « mauvais pauvres ». Bernanos, fervent catholique, sympathisant de l’Action française, dénonce ces massacres dans les Grands cimetières sous la lune. Enfin, Lydie Salvayre tisse le récit avec son style où transparaît une énergie peu commune.
Dans le petit village agricole où les paysans gagnent durement leur vie sur une terre ingrate, la guerre civile évite à Montse, qui vient d’avoir quinze ans, de devenir servante chez les riches propriétaires fonciers du lieu et de se libérer du carcan étouffant imposé aux jeunes filles par une société figée.
Tout le village est agité par une ébullition dans laquelle vont se révéler des personnages dont le destin va basculer et dont Malraux disait « on n’apprend pas à tendre l’autre joue à des gens, qui toute leur vie, n’ont reçu que des gifles ». Le récit s’achève dans le camp d’Argelès-sur-Mer où ont échoué tant d’exilés.