Le village de Montner abrite un restaurant gastronomique, l’auberge du Cellier, étoilé au Michelin, où on peut déjeuner pour 19€ avec entrée, plat et dessert.
Montner, environ 320 habitants, à 26 kilomètres au nord de Perpignan, 30 km à l’ouest de Port-Barcarès, au milieu des vignes et de nulle part, dans un paysage à couper le souffle, loin des festivals et des expos de l’été, mais si près de nos plus belles envies !
Venir à Montner – l’un des rares villages du département des Pyrénées-Orientales à porter le même nom en catalan ou en français (et en occitan) – c’est de toutes façons aller au théâtre, se rendre à un festival (des sens) tellement ici les domaines viticoles, le vin, le terroir, les gens, les rues, le platane qui trône au milieu du village et qui a même donné son nom à une impasse, vibrent au rythme d’une mise en scène naturelle. On sent bien que tout est organisé ici avec l’amour des bonnes choses et du respect de la terre. Que tout ce qui est charrié par l’air du temps est récolté avec passion.
Et puis, et puis, il y a ce restaurant, l’Auberge du Cellier, connu jusqu’à Séoul en Corée du Sud (ce jour-là sortant du musée de préhistoire à Tautavel, des gastronomes coréens s’y dirigeaient en empruntant une application depuis leur smartphone). Saperlipopette ! Dans une demeure de maître, il était une fois… Pierre-Louis Marin, un grand chef-de-cuisine, un sacré chef surtout !
Étoile dans le firmament de la Bible rouge – « LE » guide culinaire Michelin – il y a surtout eu ce reportage sur M6, l’an passé, dans l’émission Capital, qui l’a déniché comme « le restaurant au Macaron le moins cher de France »… Près d’un an plus tard, plus loin, nous sommes allés vérifier. Et c’est toujours vrai ! Et c’est toujours excellent. Et c’est toujours magique. C’est, comme on vous l’a déjà dit et écrit plus haut : un festival qui excite les appétits.
A l’entrée, belle surprise, en guise de maître d’hôtel-sommelier, c’est désormais Jacques Filippi qui officie : il est bien connu des fins gourmets perpignanais pour avoir créé Al-Tres, rue de la Poissonnerie, dans le quartier historique du chef-lieu du Roussillon, Saint-Mathieu. Le restaurant est aujourd’hui fermé, mais il restera comme une adresse gastronomique phare des années 1995-2015, tellement la cuisine catalano-méridionale qui y était servie, avec une attention particulière portée à la qualité, a marqué les esprits. Ajoutez-y les connaissances viticoles illimitées de Jacques Filippi sur les terroirs estampillés Côtes du Roussillon et vous aurez là un personnage « divin » pour celle et celui qui voudrait avoir le bon goût de manger (et boire) local.
Puis, en cas d’accessible bonheur – car il est prudent de réserver – c’est en cette saison sur la terrasse de cette imposante demeure, à l’arrière, avec vue imprenable sur une maison d’architecte superbement rénovée, qu’il faut se diriger, se poser… et se laisser bercer par l’atmosphère. On vous apporte une grosse galette sarrasin au parmesan en guise d’amuse-bouche, pour accompagner une suggestion apéritive. Puis les cartes défilent : celle des plats, des menus, des vins… Libre-choix. En cuisine, face aux fourneaux, on imagine qu’une équipe consciencieuse, avec une exigence de traçabilité, respectueuse d’une agriculture de proximité et de biodiversité, a déjà pris soin du contenu de votre assiette. Elle n’attend que votre feu-vert.
Ce jour-là, nous étions venus que pour « ça », nous avons savouré, dégusté pour l’éternité, avec une sensation indéfinissable, et une certaine émotion également : celle de pouvoir s’attabler dans un grand restaurant, classé « gastronomique » par LE Michelin et affublé d’un macaron, pour une somme modique : moins de 20€. Très exactement 19€. Et nous n’avons pas été déçus du voyage (gourmand). Au menu : tataki de thon (entrée), pastilla de canard (plat principal) et sabayon à l’abricot (dessert). Nous avons commis un extra en prenant deux verres d’un excellent vin (facturé 2 X 6€) + 1 café (2,60€) = 33,60€. Qui dit mieux ?
Il est des grands moments inoubliables, celui-ci en restera un, bien sûr, gravé pour toujours dans la mémoire. Mieux encore : ce fut comme une invitation au Bonheur. Une madeleine de Proust.
L’Auberge du Cellier : 1, rue de Sainte Eugénie – 66720 Montner – tél. 04.68.29.09.78.
Menu « affaire » 19€ servi au déjeuner les lundis, jeudis, vendredis et samedis uniquement (hors jours fériés et hors table de plus de 10 personnes).