La débauche d’énergie orchestrée autour de la recherche d’un nouveau nom pour la région Languedoc-Roussillon / Midi-Pyrénées a de quoi laisser circonspect. Cela semble être devenu le sujet central dans les Pyrénées-Orientales tant les prises de position parfois à l’emporte-pièce se multiplient. Dans ce contexte d’emballement, des clarifications sur le fond s’imposent.
Occitanie est une très mauvaise appellation
C’est évident, mais cela va mieux en le disant une fois de plus. Le nom d’Occitanie qui a été retenu est très mauvais. Et ce pour de nombreuses raisons, qui ne sont que rarement mentionnées par la majorité des opposants s’efforçant de se tenir en première ligne.
L’origine prétendant se fonder sur des critères historiques se révèle en fait très approximative. L’Occitanie déborde très largement le cadre des anciennes régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Le président de la région Nouvelle Aquitaine ne s’est d’ailleurs pas privé de le rappeler vertement. De surcroît, Occitanie n’est pas uniquement composée de terres occitanes : c’est donner des arguments recevables aux partisans de l’ajout « pays catalan » qui peuvent se sentir exclus d’une telle dénomination.
Occitanie renvoie donc à une réalité ethnico-linguistique. Ces appellations ethnico-linguistiques alimentent trop souvent réflexes et replis identitaires. Elles ne sont pas tournées vers l’avenir.
La question est en définitive fondamentalement politique. Le choix d’Occitanie signe le retour aux féodalités d’Ancien Régime. Pas étonnant, puisque c’est la logique de la réforme territoriale qui a conduit à cette fusion, rétrécissant la démocratie de proximité, dévitalisant les communes et les départements au profit des métropoles et des régions.
Réaffirmer les principes de la République
Le choix du nom d’une région doit être guidé par des principes. Rien ne doit être de nature à remettre en cause la République une et indivisible. Rien ne doit être dérogatoire au principe d’égalité des territoires et des personnes. Pour qui l’ignore, les valeurs républicaines constituent un programme global à réaliser pleinement.
Notre préférence va pour les termes reposant sur des bases géographiques, comme ce fut le cas lors de la Révolution française au moment de la création des départements. Contre les provinces d’Ancien Régime dont les nouvelles grandes régions ne sont que la resucée, les révolutionnaires de 1789 avaient fait le choix de noms géographiques.
Des propositions qui font davantage sens
Nous avions fait au cours des derniers mois trois propositions de nom à la nouvelle région. Chacune possède sa propre logique.
La première était de garder en les additionnant les noms des deux anciennes régions, Languedoc-Roussillon / Midi-Pyrénées. Elle possédait l’avantage de montrer précisément le non sens de la fusion opérée. La critique d’un nom à rallonge aurait pu être compensée par le choix d’un acronyme propulsif à partir des quatre termes.
La seconde proposition était de nommer la région constituée de 13 départements OPNI : objet politique non identifié… Sans aucun doute l’appellation la plus juste sur le fond !
La troisième proposition était « Terres et Mer du Midi ». Car nous constatons que la nouvelle région se partage entre plaines, montagnes et mer. Car nous considérons que la valorisation d’une économie de la mer constitue une solution aux difficultés de la région. Car nous estimons que Midi est le terme géographique le plus rassembleur de l’ensemble des territoires concernés.
Chacune de ces propositions, dans son domaine et à sa manière, donne bien plus de sens que le choix qui a été fait. Le nom de la nouvelle région doit contribuer à créer une identité commune, fusse-t-elle artificielle. Pas à conforter des repliements, identitaires ou pas. C’est hélas raté ! A moins que tout cela ne soit qu’un os à ronger dans l’entre soi…
Francis Daspe, responsable départemental du PG 66