La France et l’Espagne ont une frontière ferroviaire honteuse entre Cerbère et Portbou. Avec cette connexion ferroviaire internationale les opérations ferroviaires rappellent plus les hostilités du XIXe siècle, que celles d’un bon voisinage entre deux pays de l’Union européenne du XXIème siècle.
La chose fonctionne de la manière suivante…
Les trains des deux opérateurs ferroviaires de l’état espagnol et français, RENFE et SNCF peuvent franchir la frontière, mais ne peuvent transporter des passagers que dans une seule direction: vers le nord pour la RENFE, et vers le sud pour la SNCF. Il est interdit que ces trains puissent prendre des passagers lorsqu’ils retournent dans leur pays d’origine. Chaque jour il se perd ainsi 11 voyages internationaux dans les deux directions, car les trains ne sont pas autorisés à retourner au pays d’origine avec des voyageurs.
Moins de la moitié des 25 trains quotidiens qui arrivent dans les gares internationales de Cerbère et Portbou traversent la frontière. RENFE traverse la frontière sept fois et la SNCF encore moins: quatre fois. Compte tenu des horaires de la RENFE et de la SNCF, vous ne pouvez changer de pays que quatre fois dans chaque direction, et à des horaires inopportuns.
Avec ces horaires, un citoyen de Collioure qui voudrait faire un aller-retour le jour même à Barcelone n’aura que sept minutes dans la capitale catalane, selon les estimations de l’Association des Usagers du Train Perpignan – Cerbère – Portbou. Chaque jour il se perd huit connexions entre les deux directions car les trains ne traversent pas la frontière.
Entre la France et l’Espagne, le traité de libre circulation des personnes de Schengen est en vigueur depuis 1995 et il s’opère une planification remarquable des connexions par la route ou par la nouvelle ligne à grande vitesse entre Perpignan et Figuères, inaugurée en 2010. Mais ces développements n’ont pas atteint le chemin de fer à la frontière entre Cerbère et Portbou, où il se maintient des critères d’exploitation du XIXe siècle qui portent gravement atteinte au développement de Eurorégion de l’espace transfrontalier catalan, tant en termes de potentiel des transports en commun quotidiens, que du tourisme dans ce beau coin de la Méditerranée.
Le PTP demande aux gouvernements catalans et espagnol qu’ils s’accordent avec les autorités françaises ou occitanes pour l’abrogation de cette règle absurde, avant l’été 2017 afin de profiter de la saison touristique. Lors de la réunion avec le président de la Generalitat de Catalunya (Barcelone), Carles Puigdemont, la PTP a de nouveau appelé à l’abolition de cette interdiction qui nuit aux transports publics et nous éloignent de l’idéal d’une Europe unie.
Il serait également important d’étendre le parcours de certains trains afin de rajouter un arrêt, franchissant la frontière, afin d’assurer des connexions avec des horaires plus rationnels.
Lorsque tous les trains traversent les frontières en Europe, quel sens ont encore ces règlements obsolètes voire pervers? La construction de l’Europe ne commence pas par en haut, mais d’en bas, notamment avec les mesures proposées par la PTP.
La PTP saisit l’occasion de cette déclaration pour rappeler aux autorités catalanes et espagnoles « que nous revendiquons des transports publics sans frontière avec l’Alliance transfrontalière pour les transports publics, dont fait partie la FNAUT (Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports), l’Association TGV SUD Territoire – Environnement, de l’Association des Usagers Perpignan – Cerbère – Port-Bou, l’Association des Usagers Villefranche – Perpignan, la plateforme « Defensem el Tren de l’Emporda » et la PTP. Ces organisations réclament depuis des années la création d’un système ferroviaire régional transfrontalier entre la Catalogne et l’Occitanie, reliant Barcelone avec Montpellier et Toulouse, grâce à trois lignes à travers les Pyrénées: par Puigcerdà, par le tunnel du Perthus (LGV) et par la côte (Portbou-Cerbère) ».