Le Mouvement pour la 6° République 66 organisait sa première initiative publique jeudi 16 octobre à Perpignan à la salle des Libertés. Chantal Dubon se félicitait en introduction de la présence à la fois de citoyens et de représentants de formations politiques. « L’objectif est double : échanger pour déboucher sur des premières propositions, contribuer à populariser l’idée de 6° République afin d’enclencher le processus constituant nécessaire », indiquait-elle. Elle présentait ensuite le conférencier, Francis Daspe, secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée.
Celui-ci expliquait la logique de son propos : « Par l’examen de la période entre la I° et la II° République en Espagne, à savoir la période de 1876 à 1939 appelée Restauration qui est souvent méconnue, nous allons être amenés à nous interroger sur le fonctionnement de l’actuelle République en France. Ou plutôt sur les dysfonctionnements d’une 5° République agonisante ». Une méthode conforme en somme au travail d’éducation populaire de l’AGAUREPS-Prométhée.
Tout en se gardant du piège de l’anachronisme, le parallèle entre des pratiques de la Restauration espagnole il y a un siècle et aujourd’hui de la 5° République est frappant. La proclamation des états d’exception et la suspension des sessions parlementaires ne sont-elles pas à rapprocher du recours aux ordonnances et à l’article 49.3 qui consacrent le caractère autoritaire de la 5° République ? Le système d’alternance pacifique entre partis dynastiques sans alternative n’est-il pas l’équivalent des différences cosmétiques entre libéraux et socio-libéraux à l’échelon national ou de la gouvernance au niveau européen ? L’encadrement des élections par les notables locaux (les caciques) et la promotion de candidats officiels par les pouvoirs publics ne font-il pas penser à la généralisation de pratiques clientélistes et la consanguinité avec des médias aux ordres ? La parodie de régime parlementaire qui veut que les changements de gouvernement ne suivent pas les changements de majorité à la Chambre, mais plutôt l’inverse, ne conduit-elle pas à évoquer les députés godillots incapables de s’opposer au monarque présidentiel terrorisés qu’ils sont par une possible dissolution ? La création de syndicats dits libres (autrement dit les jaunes favorables au patronat..) ne peut-elle pas être mise en résonance avec la criminalisation de l’action syndicale ou avec la signature de l’ANI (accord national interprofessionnel) qui ouvre la voie aux accords minoritaires excluant les syndicats majoritaires plus combatifs ? Voici quelques exemples parmi d’autres donnés par le conférencier qui confirmait si besoin était de la pertinence de la comparaison historique pour s’interroger sur notre présent et proposer pour l’avenir.
« A ce stade de la réflexion, on peut légitimement se demander si nous sommes encore aujourd’hui dans une République digne de ce nom », indiquait Francis Daspe, qui estimait que « les possédants et les oligarchies avaient profondément dénaturé l’idéal républicain. Une République oligarchique, ce n’est plus la République tant la contradiction est irréparable ». D’où l’urgence absolue d’une 6° République et d’un processus constituant pour y parvenir.
Le débat riche qui s’engageait avec l’assistance permettait de préciser quelques éléments centraux du projet. « L’idéal républicain, ce sont deux piliers non négociables : l’héritage de la Révolution française, les conquêtes sociales du combat ouvrier ». Deux priorités sont affirmées. Rien ne se fera sans le renforcement de la démocratie dans l’entreprise : « le travailleur doit devenir pleinement citoyen dans l’entreprise ». Le rapport à la mondialisation ne peut être éludé. « L’emprise tentaculaire de la mondialisation nous oblige à proposer des réponses à la mesure du défi en termes de souveraineté populaire et de partage des richesses : nous devons inventer un nouvel internationalisme ». Pour la plupart des interventions, la 6° République n’est une simple question de mécanique institutionnelle, mais elle porte un projet de société global qui est la condition même de sa réussite.
Le chantier est lancé par le Mouvement pour la 6° République des Pyrénées-Orientales. Des propositions se sont exprimées concernant par exemple le cumul des mandats, le contrôle des engagements des élus, la « carrière » politique, l’articulation entre démocratie représentative et démocratie directe, le référendum révocatoire etc. Toutes celles et tous ceux qui veulent apporter leur pierre à l’édifice peuvent le faire en contactant le courriel suivant m6republique66@gmail.com
« Ce sera un travail de longue haleine, nécessaire et salutaire », concluait Francis Daspe en guise d’invitation au travail collectif citoyen.