Le projet de parc photovoltaïque à Perpignan franchit une nouvelle étape décisive. Après des années de débats et de controverses, la société Arkolia vient d’obtenir l’autorisation finale pour l’installation de 28 860 panneaux solaires sur le bassin de rétention du Mas Romeu. Cette décision marque un tournant dans la transition énergétique de la région, tout en ravivant les inquiétudes des défenseurs de l’environnement.
Un projet d’envergure pour la transition énergétique locale
Situé au nord-ouest de Perpignan, le long de l’autoroute A9, ce parc photovoltaïque s’étendra sur une superficie de 15,8 hectares. Avec une production annuelle estimée à 23,4 GWh, il devrait permettre d’alimenter en électricité l’équivalent de 10 500 habitants, soit près de 10% de la population de Perpignan.
Louis Aliot, maire de Perpignan, se félicite de cette avancée : « Ce projet s’inscrit pleinement dans notre stratégie de développement durable. Il permettra de réduire notre dépendance aux énergies fossiles tout en créant des emplois locaux. » Le maire souligne également que ce projet s’inscrit dans la continuité des actions municipales en faveur de l’environnement, comme la lutte contre les nuisances urbaines.
Des innovations technologiques pour préserver le site
Pour répondre aux préoccupations environnementales, Arkolia a développé des solutions techniques innovantes. Les panneaux solaires seront installés sur des structures surélevées, permettant au bassin de rétention de continuer à jouer son rôle hydraulique. Les équipements électriques seront placés hors d’eau pour éviter tout risque en cas d’inondation.
Ces adaptations techniques ont permis d’obtenir l’aval des autorités environnementales, malgré les réticences initiales. La Chambre de Commerce et d’Industrie des Pyrénées-Orientales a salué ces innovations, soulignant l’importance de tels projets pour le développement économique local.
Une opposition écologiste qui ne désarme pas
Malgré ces garanties, les associations environnementales locales maintiennent leur opposition au projet. Elles dénoncent la destruction potentielle d’une zone humide et craignent un impact négatif sur la biodiversité locale.
Marie Durand, porte-parole du collectif « Préservons le Mas Romeu », affirme : « Ce projet va à l’encontre des engagements de préservation de la biodiversité. Les panneaux solaires, même surélevés, auront un impact sur la faune et la flore locales. » Le collectif envisage de déposer un recours auprès du Tribunal Administratif de Montpellier, s’appuyant sur des précédents juridiques concernant des décisions municipales contestées.
Un débat qui s’inscrit dans un contexte plus large
Cette controverse illustre les tensions croissantes entre les objectifs de transition énergétique et la préservation des espaces naturels. Au niveau national, le gouvernement a fixé des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables, visant à porter leur part à 40% de la production électrique d’ici 2030.
Dans les Pyrénées-Orientales, cette problématique est d’autant plus sensible que le département fait face à des défis environnementaux majeurs, notamment en termes de ressources en eau. La récente autorisation de la pêche dans cinq rivières du département, après des mois de sécheresse, rappelle la fragilité de l’écosystème local.
Des retombées économiques attendues
Au-delà des aspects environnementaux, le projet de parc photovoltaïque promet des retombées économiques significatives pour la région. Arkolia estime que la construction et l’exploitation du site généreront une cinquantaine d’emplois directs et indirects.
De plus, la production locale d’énergie devrait contribuer à stabiliser les coûts de l’électricité pour les habitants et les entreprises de la région. Cette perspective est particulièrement bien accueillie dans un contexte de hausse des prix de l’énergie.
Vers une concertation élargie
Face aux oppositions persistantes, la municipalité de Perpignan et Arkolia ont annoncé la mise en place d’un comité de suivi du projet. Ce comité, qui intégrera des représentants des associations environnementales, aura pour mission de surveiller l’impact du parc photovoltaïque sur l’écosystème local et de proposer des mesures d’atténuation si nécessaire.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer la participation citoyenne dans les grands projets d’aménagement. Elle fait écho aux récentes polémiques sur la transparence des décisions municipales.
Conclusion : un test pour la transition énergétique locale
Le projet de parc photovoltaïque du Mas Romeu représente un véritable test pour la capacité de Perpignan à concilier transition énergétique et préservation de l’environnement. Son succès ou son échec pourrait influencer de futurs projets similaires dans la région.
Alors que les travaux devraient débuter dans les prochains mois, tous les regards seront tournés vers ce site, symbole des défis complexes auxquels font face les collectivités locales dans leur quête d’un développement plus durable.