L’association La Bressola, fervente promotrice de l’enseignement en langue catalane, a franchi une étape majeure avec l’acquisition du Monastère du Vernet à Perpignan. Malgré l’opposition de la mairie, cette initiative marque un tournant décisif pour l’association dans son projet de création d’un collège-lycée catalan.
Situé au 107 avenue Maréchal Joffre, ce bâtiment historique, également connu sous le nom de couvent des Clarisses, se compose d’un ensemble de 2500 mètres carrés sur deux étages et d’une chapelle adjacente de 600 mètres carrés, le tout implanté sur un terrain d’un hectare et demi.
L’acquisition, d’un montant de 1,2 million d’euros, a été rendue possible grâce au soutien de la Generalitat de Catalunya (Espagne), soulignant l’engagement indéfectible de l’association pour la promotion de la culture et de la langue catalanes. En plus de déplacer son siège et le Centre de Formació Professional Català (CFPC) dans ces nouveaux locaux, La Bressola envisage de solliciter l’aide du Département et de la Région pour la réalisation des travaux nécessaires.
Ce projet ambitieux s’inscrit dans une démarche de longue haleine pour La Bressola, fondée en 1976 et gérant actuellement sept écoles et deux collèges dans les Pyrénées-Orientales. Le but est d’offrir une continuité éducative en catalan à ses 1100 élèves au-delà de la classe de troisième.
Bien que la date d’ouverture du lycée reste à déterminer et que l’association ne reçoit pas encore de lettres de motivation d’enseignants, l’acquisition du Monastère du Vernet représente un pas de géant vers la réalisation de ce projet de longue date, cher à Adrien Morté, responsable de la communication de La Bressola, et à toute la communauté éducative engagée pour la préservation et la transmission de l’héritage linguistique et culturel catalan.
La prochaine étape, le permis de construire
La Bressola, après avoir acquis le Monastère du Vernet, se prépare à franchir une nouvelle étape cruciale : l’obtention du permis de construire pour la transformation de l’immeuble en collège-lycée.
Dans les prochaines semaines, l’association soumettra sa demande à la mairie de Perpignan, malgré la précédente opposition municipale et le droit de préemption exercé en septembre 2021. Cependant, les décisions favorables du tribunal administratif de Montpellier et du Conseil d’État en 2022, qui ont suspendu la décision de la mairie, renforcent les espoirs de La Bressola.
La Bressola, consciente des enjeux techniques et réglementaires, a consulté un architecte, un géomètre-expert, et le bureau d’études CIEEMA, spécialisé en hydraulique. Leurs analyses confirment la faisabilité du projet, notamment en termes de prévention des risques d’inondation.
Le plan prévoit de surélever le premier plancher et de placer les salles de classe à un étage élevé, à environ 5,45 mètres au-dessus du terrain naturel, pour éviter tout risque d’inondation, même minime. Cette précaution technique vise à contrer l’un des principaux arguments de l’opposition municipale, menée par le maire Louis Aliot, concernant le risque d’inondation.
Compte tenu de ces préparatifs minutieux et de l’importance de ce projet pour l’association, qui cherche à offrir une éducation complète en catalan, La Bressola espère recevoir l’approbation nécessaire de la mairie pour concrétiser son troisième collège et son premier lycée.
L’opposition de la mairie de Perpignan
La création du premier lycée en langue catalane par l’association La Bressola dans les Pyrénées-Orientales a été marquée par une vive opposition de la mairie de Perpignan, conduisant à une longue bataille judiciaire.
En dépit de cet affrontement, le tribunal administratif de Montpellier a annulé, le 30 décembre 2022, le droit de préemption exercé par la mairie sur l’ancien monastère du Vernet. Cette décision a permis à La Bressola de devenir propriétaire du site et d’avancer dans son projet.
Le conflit a débuté en 2021 lorsque la mairie, menée par le maire Louis Aliot, a exercé son droit de préemption sans préavis, après que La Bressola eut signé un compromis de vente pour l’acquisition de l’ancien couvent Sainte-Claire.
La mairie a justifié cette action en invoquant des raisons de sécurité et le désir de développer un autre projet patrimonial sur le site. Cependant, les jugements successifs ont contesté la légitimité de cette préemption, y compris une décision du Conseil d’État en 2022, qui a suspendu la décision de préemption de la mairie.
En réponse, La Bressola a contesté la décision de préemption comme illégale, et une manifestation de soutien a rassemblé un millier de personnes dans les rues de Perpignan. Suite à ces événements, le tribunal a non seulement annulé la préemption, mais a également condamné la municipalité à verser 1500 euros à La Bressola.
La Bressola a exprimé sa satisfaction à la suite de la décision du tribunal. Elle souligne l’importance de ce projet pour le développement individuel et la construction sociale et culturelle des jeunes, ainsi que pour la préservation de la langue et de la culture catalane en Catalogne du Nord.
Malgré cette victoire judiciaire, le maire Louis Aliot a indiqué son intention de faire appel de la décision, marquant la continuation de ce bras de fer entre l’association et la municipalité.