La ville de Perpignan vient de lancer une grande consultation citoyenne sur les mobilités douces, marquant un tournant dans sa politique d’aménagement urbain. Cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre du « Plan Mobilités 2030 » adopté par Perpignan Méditerranée Métropole en 2024, vise à impliquer directement les habitants dans la transformation de leur cadre de vie. Avec seulement 2% de part modale pour le vélo actuellement, Perpignan ambitionne de rattraper son retard sur d’autres métropoles du Sud comme Montpellier ou Toulouse. Cette consultation soulève de nombreux enjeux économiques, sociaux et environnementaux pour la capitale roussillonnaise.
Une consultation ambitieuse pour repenser la mobilité urbaine
La consultation, qui durera du 1er mars au 31 mai 2025, prend la forme d’un questionnaire en ligne et de 15 réunions publiques organisées dans les différents quartiers de Perpignan. Avec un budget de 500 000 € alloué à cette phase de concertation et d’études, la municipalité affiche des objectifs ambitieux :
- Recueillir l’avis de 10 000 participants via le questionnaire en ligne
- Atteindre 10% de part modale pour le vélo d’ici 2030
- Créer 50 km de pistes cyclables dans les 5 prochaines années
Le maire Louis Aliot (RN) défend un « projet fédérateur et écologique » qui vise à « réduire la place de la voiture en ville, source de pollution et d’embouteillages ». Cette initiative s’inscrit dans la continuité d’autres projets d’aménagement urbain récents, comme la nouvelle passerelle sur la Basse à 650 000 €, inaugurée en 2024.
Les défis spécifiques de Perpignan en matière de mobilités douces
Si l’ambition est louable, Perpignan doit composer avec plusieurs contraintes qui complexifient le développement des mobilités douces :
- Un relief accidenté dans certains quartiers, peu propice à la pratique du vélo
- Un climat méditerranéen avec des étés très chauds, pouvant décourager les déplacements actifs
- Un manque de « culture vélo » par rapport à d’autres villes françaises
- Des contraintes budgétaires importantes pour la ville, comme en témoigne le récent plan d’austérité visant à réduire une dette de 235 millions d’euros
Un enjeu économique majeur pour le centre-ville
Le développement des mobilités douces représente un défi mais aussi une opportunité pour le tissu économique local. La piétonisation partielle du centre historique et l’amélioration de son accessibilité pourraient contribuer à sa revitalisation, comme l’illustre le succès récent de la redynamisation de la rue des Augustins avec l’ouverture de 27 nouveaux commerces.
Cependant, certains commerçants s’inquiètent d’une possible réduction du stationnement automobile. Un équilibre devra être trouvé entre l’amélioration du cadre de vie et le maintien de l’attractivité commerciale du centre-ville.
Une démarche participative inédite à Perpignan
Cette consultation marque une évolution dans la gouvernance locale, en plaçant les citoyens au cœur du processus de décision. L’association « Vélo en Têt », principal collectif cycliste local, se félicite de cette initiative tout en restant vigilante sur sa mise en œuvre concrète.
L’opposition de gauche au conseil municipal salue également la démarche, tout en regrettant « le retard pris » par rapport à d’autres métropoles. Elle pointe notamment le fait que Montpellier dispose déjà de 160 km de pistes cyclables, contre seulement une trentaine à Perpignan.
Perspectives et enjeux pour l’avenir de Perpignan
Au-delà de la simple question des déplacements, cette consultation sur les mobilités douces soulève des enjeux plus larges pour l’avenir de Perpignan :
- L’adaptation au changement climatique, en favorisant des modes de transport décarbonés
- L’amélioration de la qualité de l’air et la réduction des nuisances sonores
- Le renforcement de l’attractivité touristique, en proposant une ville plus apaisée et agréable à vivre
- La promotion de l’activité physique et ses bénéfices pour la santé publique
La réussite de cette transition vers des mobilités plus douces nécessitera une collaboration étroite entre tous les acteurs du territoire. La ville de Perpignan devra notamment s’appuyer sur son partenariat avec la CCI et la CMA pour développer l’économie locale tout en intégrant ces nouveaux enjeux de mobilité.
Conclusion : vers une nouvelle identité urbaine pour Perpignan ?
Cette consultation sur les mobilités douces pourrait marquer un tournant dans l’histoire urbaine de Perpignan. En passant d’une « ville voiture » à une cité favorisant les déplacements doux, la capitale roussillonnaise cherche à se réinventer pour répondre aux défis du 21e siècle.
Le succès de cette démarche dépendra de la capacité de la ville à mobiliser ses habitants, à surmonter les contraintes budgétaires et à proposer des aménagements adaptés aux spécificités locales. Si elle y parvient, Perpignan pourrait devenir un modèle de transition écologique et urbaine pour les villes moyennes du Sud de la France.
Les résultats de cette consultation, attendus à l’automne 2025, seront donc scrutés avec attention par les élus, les urbanistes et les citoyens. Ils dessineront les contours du Perpignan de demain, plus durable, plus convivial et plus attractif.