Le 2 octobre dernier, sur son blog officiel Philippe CHOPIN, préfet des Pyrénées-Orientales, signait son premier édito : « En prenant mes fonctions de préfet des Pyrénées-Orientales, le 4 juin dernier, j’ai pu mesurer l’honneur qui m’a été fait par le gouvernement et l’importance des enjeux auxquels est confronté ce département (…). Mon engagement dans les prochains mois avec l’ensemble des services de l’Etat se fera au plus près des citoyens, des élus et des différents territoires du département où le besoin d’Etat se fera sentir (…) ».
Le Préfet CHOPIN ne croyait pas si bien écrire. Cinq mois après son atterrissage sur le sol roussillonnais en provenance de la Creuse, son premier bilan est impressionnant, spectaculaire. Le Préfet CHOPIN n’a pas chômé, il a fait plus pour les P-O en cinq mois que nombre de ses prédécesseurs. Il faut remonter à belle-lurette, au Préfet BONNET, au début des années (19)90, autant dire « un bail ! », pour retrouver une telle dynamique de la présence de l’État en Pays catalan.
Opérations de police de grande ampleur dans les cités sensibles de Perpignan livrées aux trafiquants de drogue et auteurs de carambouille en tous genres, fermetures administratives de boutiques qui pratiquent un commerce illicite (tabac clandestin, etc.), contrôles routiers plus fréquents… certes, dans ce remue-ménage ambiant, le Préfet CHOPIN n’est pas seul, il est accompagné des directeurs et agents des services de l’État, du Procureur de la République (Jean-Jacques FAGNI), de la Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP), entre autres.
La République reprend enfin ses quartiers à Perpignan !
Ce qui a changé, c’est la méthode, le style et, surtout, le courage d’actionner l’Etat de droit pour sanctionner réellement. Le 22 octobre dernier, pas moins de 127 personnes étaient mobilisées, deux heures durant, pour quadriller dans le quartier perpignanais du Vernet, la cité Diaz. Ce jour-là, le Préfet CHOPIN a dégainé 37 policiers de la DDSP, 34 policiers municipaux et 55 autres de la CRS’56 venus en appui depuis Montpellier. Sans oublier : les douanes, un chien spécialisé dans la détection des stupéfiants… et un hélico !
Devant les médias médusés, car si peu habitués à un tel déploiement des forces de l’ordre localement, le Préfet CHOPIN n’a pas mâché ses mots et son caractère : « L’État vient ici et continuera d’aller dans ces endroits quand il souhaitera venir. Il s’agit d’occuper le terrain, de lutter contre les trafics de drogue, de cigarettes, etc., et de rassurer la population (…) ».
Quelques jours plus tôt, la même opération d’envergure s’était déroulée aux abords de la résidence Les Oiseaux avec, en prime, de nombreuses perquisitions dans les bâtiments ciblés. L’objectif était de déloger un gang de dealers qui résiste aux forces de l’ordre et qui pourrit le quotidien des habitants, dont certains vivent retranchés dans leur appartement ! Ce jour-là donc, les autorités, l’Autorité, a décidé de riposter avec la manière forte. Là aussi : policiers et… un escadron de la gendarmerie et l’hélico. Carrément. Pendant des heures, les forces de l’ordre ont bouclé un rond-point. Impossible d’y échapper, de s’en échapper. Du jamais vu à Perpignan depuis… Sans commentaires.
Contrairement aux fakes-news distillées sur les réseaux sociaux, il y a bien eu des suites à ces opérations : des dealers ont été interpellés, de la drogue (cocaïne) confisquée… Les résultats sont là. Paris ne s’est pas fait en un jour ! « Plus de moyens = plus d’actions ; il y a enfin des renforts (vingt-six policiers de plus sur la ville depuis quelques mois) qui permettent des actions pour occuper et nettoyer le terrain gangrené par ces trafiquants qui exercent au grand jour et jusqu’ici en toute
impunité », reconnaît un élu perpignanais. Il ajoute : « Certes, pour être encore plus efficace il faudrait pouvoir mobiliser, dans ces quartiers-là, une présence policière permanente, quotidienne, dans la continuité de ces gros coups spectaculaires occasionnels. Ce nouveau préfet fait bouger les choses et les lignes, c’est déjà ça, contrairement au précédent… ».
Avenue de la Gare, on se croirait à l’époque de la Prohibition
Du côté de la population, on veut (bien) y croire, même si, s’étale un internaute à la suite de ces opérations : « Un coup de com’ aujourd’hui, demain tout recommencera… A 50m, à 100m de là ? Le trafic reprendra… La Justice rouvrira la cage pour libérer les oisillons… ».
Et pourtant, le Préfet CHOPIN poursuit sa croisade pour faire respecter l’Etat de Droit : il vient à nouveau de faire fermer plusieurs établissements (une quinzaine au total rien qu’à Perpignan depuis le début de l’année) pour trois mois ! Les gérants de ces boutiques de nuit, derrière une enseigne de pseudo-épicerie, se livraient à de nombreux trafics illégaux, dont la vente clandestine de cigarettes. L’avenue de la Gare, le Vernet, Saint-Jacques et Mailloles sont les principales verrues d’un système qui n’est pas sans rappeler l’époque de la Prohibition, au Canada et aux USA, période de la première moitié du XXème siècle où la fabrication, le transport, l’importation, l’exportation et la vente de boissons alcoolisées et/ ou de tabacs étaient prohibés.
Le Préfet CHOPIN entend bien faire le ménage et remettre de l’ordre dans la société perpignanaise, seule et unique ville de France de 120 000 habitants à être comparée, côté trafics, à des agglomérations comme Lyon, Marseille, Nice ou Strasbourg. C’est l’une des conditions à remplir (mais ce n’est hélas pas la seule) si on ne veut pas voir Perpignan tomber dans l’escarcelle du Rassemblement National en 2020. Il semblerait que le Gouvernement en ait pris conscience, la mesure en tout cas.