Parricide, filicide ? Nouveau duel entre Parès et Maffre. Le FN en embuscade pour la première fois, ça devait arriver ! Les Pianencs revoteront en septembre. Moins connue que « Plus belle la vie », une autre série suivie par plus de 8000 spectateurs « Et un, et 2, et 3, on vote à Pia » sera la saga d’un été sûrement caniculaire.
Guy Parès et son conseil municipal ont été élus en mars 2014 pour un mandat de 6 ans, croyait-on… Mais, c’était sans compter sur la réaction de Michel Maffre, ex premier adjoint, ex ami du maire (depuis 1983) et battu par 61 voix de différence. En septembre 2014, sur son blog (michelmaffre.com) il explique les raisons qui l’ont conduit à entamer un recours devant le tribunal administratif pour annuler ces élections. 75 dossiers seront ainsi déposés en Languedoc-Roussillon : 6 aboutiront. Le 29 mai, l’information tombe. Les élections de Pia et Céret sont annulées contrairement à Montesquieu où le Conseil d’État s’est prononcé pour le maintien du scrutin.
En ce qui concerne Pia, le tribunal, suite à la protestation de Michel Maffre, a estimé que Guy Pares, le maire sortant, a utilisé le bulletin municipal de la commune pour faire sa propagande électorale. Les Pianencs et Cérétans devront donc retourner aux urnes dans un délai de trois mois… Les dates probables des 6 et 13 septembre 2015 ne sont toutefois pas confirmées par les trois « sages », missionnés par la préfecture des Pyrénées-Orientales actuellement en charge de la gestion de la ville.
Il était pour le moins intéressant de nous rendre à Pia et de rencontrer les anciens et les nouveaux protagonistes déclarés à ce jour et sous le feu des projecteurs de notre « feuilleton » de l’été.
A tout seigneur (ne voyez, ici, aucun humour déplacé) tout honneur, c’est Guy Parès qui nous reçoit le premier. C’est un homme serein et détendu qui ouvre la porte. Nous croyons même entrapercevoir un sourire. La pièce où nous nous asseyons est fraîche, nous ne sommes pourtant pas certains que l’on nous retiendra longtemps. Nous nous sommes trompés, l’interview durera plus d’une heure…
Il se dit apolitique, plus exactement centriste de gauche et, veut une liste ouverte. Aucun scoop, aujourd’hui, sur sa composition exacte cependant. Deux, trois noms changeront par rapport à 2014, ça c’est certain mais nous n’en saurons pas plus. Son premier adjoint du moment, René Martinez, sera, sans surprise, à ses côtés… Pour le reste (de l’équipe), nous comprenons que nous posons des questions trop tôt ! La liste sera dévoilée fin août. Pourtant… nous en avons d’autres ! Une en particulier. En effet, début juin, nous apprenions que la chambre régionale des comptes « épinglait » Pia, Thuir et Corbère-les-Cabanes, que Pia présentait un budget en déséquilibre…
« Rien de bien méchant » selon lui, laissant à penser qu’il ne s’agit là que d’un jeu d’écriture qui aurait été rectifié depuis. Il poursuit avec des points qui lui semblent importants, en trois chiffres : 49.000€ de pénalisation pour manque suffisant de logements sociaux (8% de construits pour 25% réglementaires), 200.000€, coût des nouveaux rythmes scolaires (nécessité d’avoir un agent pour 10 élèves) et 149.000€ de diminution de dotation de l’État. La chambre régionale des comptes quant à elle devrait communiquer ses solutions très rapidement puisqu’il était question qu’elle le fasse fin juin.
Le journal catalan.com : Les Pianencs se sont posé la question, se la posent encore : que s’est-il réellement passé entre vous et Michel Maffre ?
Guy Parès : Il y a eu une période où j’ai été très fatigué pour ne pas dire très malade. Je venais beaucoup moins à la mairie. Heureusement, grâce à mon médecin, j’ai récupéré et me suis senti en forme. Quand je venais à mon bureau j’avais réellement la sensation que l’on m’écartait, de ne plus exister ! Le bruit à même couru que j’étais mort. C’en était trop. J’ai repris les choses en mains. Sans cet épisode j’aurais laissé la place. Aujourd’hui, je peux vous promettre que mon intention est bien d’aller au bout de mon mandat si je suis réélu.
Le journal catalan.com : On en parle beaucoup, Pia doit-elle rester dans la communauté de communes Salanque Méditerranée ?
Guy Parès : Oui, pour moi oui. D’ailleurs, Le conseil communautaire de la Communauté de communes Salanque Méditerranée (CCSM), présidé par José Puig, Maire de Claira, excellent Président, a adopté une motion en ce sens lors de sa séance du 28 avril dernier. Seule Madame Grégoire de Salses le Château a voté contre et Monsieur Prats de Pia s’est abstenu.
Le journal catalan.com : Et votre programme pour les quatre ans à venir ?
Guy Parès : La ville est déjà bien équipée, vous ne vous rendez pas compte du travail effectué en 32 ans… Je veux encore l’embellir et la rendre plus sécuritaire. La police municipale sera armée après formation (des 357 magnum et des gilets pares-balles ont été livrés…) elle sera aidée par une télésurveillance accrue. il y a encore un gros travail à fournir pour enfouir les réseaux aériens, tout cela doit se faire de façon cohérente en faisant très attention au budget car je ne compte pas augmenter les impôts : pas si simple !
Le journal catalan.com : Quel ton donnerez-vous à votre campagne ?
Guy Parès : Sereine, sans attaque de personnes… (sourire…) Mais, je saurais répondre si…
Au téléphone, Michel Maffre nous apprend qu’il réunit quelques amis fidèles à la Salut (ermitage cité très tôt dans les livres d’histoire, dès l’an 961 et situé à trois kilomètres de Pia en direction de Rivesaltes, terre de naissance du candidat. De nos jours il s’agit d’un lieu ouvert au public pour organiser des repas de famille où… politiques !) le surlendemain, il nous y convie, nous pourrons discuter…
Il y a foule, la discussion intimiste s’éloigne. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls correspondants de presse. Pas l’heure, pourtant, de jouer les divas même si l’on écrit pour L’Agence Catalane de Presse et le-journal-catalan.com (et pas pour Le Petit Journal, devenu « Catalan » depuis peu !..). Lui dire bonjour ne pose aucun problème puisque c’est lui qui vient serrer la main des hommes et biser les joues des femmes. Une estrade a été montée non loin de l’endroit protégé (des intempéries) où se trouvent les petits fours. Un discours est donc prévu. Très « pros », nous nous éloignons des mignardises et nous postons au pied de la scène, magnétophone en main.
Marie-José Ruiz, conseillère régionale, Maire Adjointe sortante, prend la parole. Ces premiers mots sont pour Michel Maffre, pour lui rendre hommage, lui, qui a su « rester debout et digne devant les humiliations »… Après quelques remerciements d’usage, elle ne manque pas de rappeler que la liste « Ensembles, fidèles à Pia avec Michel Maffre » est restée, est unie, comme au premier jour de sa constitution (seuls deux noms ne devraient plus apparaître fin août et ce pour des raisons non politiques mais personnelles), que l’énergie et la motivation sont indemnes malgré les épreuves… « Nous allons revoter, tout commence ! Michel sera le Maire qui favorisera la cohésion sociale, Pia doit redevenir une ville où il fait bon vivre, la ville du vivre ensemble, il faut vous mobiliser, activer vos réseaux, pensez à faire des procurations légales, ça va de soi… (rire de l’assistance) ». Elle présente ensuite Toussainte Calabrèse, conseillère départementale, Vice-Présidente du Conseil Départemental et Jean-Jacques Lopez, Maire de Salses, Vice-Président de la communauté de communes Salanque Méditerranée venus soutenir Michel Maffre et sa liste.
Jean-Jacques Lopez insiste sur la nécessité d’une représentation (nombre d’élus) plus importante de Pia (au moins la moitié de délégués pianencs) au sein de la communauté de communes pour le futur, qui devrait être proportionnelle à la population de chaque ville siégeant, Pia représentant plus de 50% de la totalité de ces villes. Il met fin ainsi à toutes les rumeurs laissant entendre que Michel Maffre aurait été tenté de rejoindre Perpignan Méditerranée. Mais, qui pouvait le penser vraiment ?..
Toussainte Calabrèse prend la parole à son tour : « Le Tribunal administratif a jugé, le Conseil d’État a entériné, point à la ligne, la justice a fait son boulot, on a plus rien à dire, nous, ici . Ce qui compte maintenant ce sont les propositions et des propositions ils en ont. Ce ne sont pas des bleus et ils repartent au combat , c’est la même équipe, pas besoin de tirer des plans sur la comète, ils sont bons, ll l’ont démontré , ils continueront de le faire dans le bien vivre ensemble, dans le respect de la différence et les valeurs de la république. »
Michel Maffre remercie chaleureusement les oratrices et l’orateur, qui l’ont précédé avant d’entamer son discours. « Je suis heureux que Jean-Jacques Lopez vous ai parlé de la communauté de communes Salanque Méditerranée parce que cette campagne commence encore avec de fausses rumeurs. Nous sommes fidèles à nos valeurs et je ne vois pas pourquoi nous sortirions de Salanque Méditerranée, je veux juste que Pia y ait sa juste place ! Et, nous travaillerons pour. » Vient ensuite la longue histoire d’une invalidation racontée par le menu… jusqu’à ce jour, veille de campagne, devant un public des plus attentif et une équipe prête au combat électoral qui sera saluée par son chef pour sa persévérance et sa loyauté. Plus loin, il rappelle que la cour des comptes a épinglé Pia pour ses comptes 2014 et parle de dépenses pharaoniques engagées, qu’il n’est donc pas étonnant que certaines factures ne soient pas honorées, que des subventions à certaines associations soient supprimées (« une école de musique décapitée »)…
« Il est vrai qu’avec l’argent des autres on peut faire n’importe quoi… Ils nous disent avoir travaillé. Qu’on-t-il fait en quinze mois ? Le patrimoine communal est bradé, la ville n’a plus de réserves foncières, qu’adviendra-t-il si nous devions construire un nouveau groupe scolaire car compte tenu de l’évolution démographique ce scénario est tout à fait possible… Pour moi c’est une grave erreur d’avoir cédé des terrains communaux pour des intérêts privés. Un audit financier est urgent et nécessaire, je ferai donc faire un audit dès mon arrivée, comme ça on contrôle tout ! »
Par ailleurs, il a déposé plainte auprès du Procureur de la République pour suspicion de fraude dans la gestion des procurations de vote. « Guy Parès minimise les faits mais ce n’est pas en vain que le Procureur de la République a diligenté une enquête judiciaire… » On entend dans l’assemblée le mot ripoux qui s’élève puis celui de charlots… D’un geste Michel Maffre calme le jeu. « Il faut savoir rester intelligent pour réussir le Pia de demain, la forme ne doit pas l’emporter sur le font. Nous allons donc partir ensemble pour cette nouvelle campagne. On me la promets dure, difficile, mais quelque soit nos adversaires nous les combattrons et nous vaincrons, nous réussirons ensemble ! »
Guy Parès, Michel Maffre, une longue histoire… Ces deux là ne s’aiment plus, c’est certain. Une page du livre de la ville de Pia va se tourner définitivement à coups de tracts dans la chaleur et la torpeur de l’été… A moins que… Une bonne série ne s’arrête jamais…
Quelques jours plus tard, toujours à Pia et toujours sur la route de Rivesaltes, nous rencontrons quelqu’un qui, lui, ne risque pas de s’endormir au son des grillons et des cigales durant l’été. Est-ce Louis Aliot qui l’a remarqué, Marine Le Pen, peut-être, le FN66 ? Peu importe, à n’en pas douter, par contre, les chiffres des dernières élections régionales ne sont pas étrangers à la décision de présenter une liste à Pia ! Le Front National totalisait au second tour un score de 40,36% arrivant ainsi en tête devant la liste de Joseph Puig à 39,80%. Encore fallait-il trouver un bon « poulain pianenc ». Et, Jérôme Palmade n’est pas un parachuté, sa famille est connue pour vivre et travailler à Pia. Lui, est pompier professionnel et basé à la caserne de Perpignan. A 27 ans, ce beau garçon est déjà un vieux de la vieille du parti aujourd’hui présidé par Marine Le Pen. À 19 ans il avait sa carte, baigné depuis l’enfance dans une ambiance familiale proche des thèses d’une droite « dure ». Amour de la patrie et valeurs morales sont ses mots de prédilection. Le choix de son métier et son engagement politique l’impliquent comme citoyen au service des autres.
Chose surprenante, il ne parle pas d’emblée sécurité mais économie. Comme quoi les choses ont bien changé, en apparence en tous les cas. Entouré de Marie-Thérèse Fesenbeck, secrétaire départementale du FN66, Conseillère régionale et de Daniel Cardoit numéro 3 sur la liste, il parle de la nécessité urgente de réaliser un audit des comptes de la municipalité. « Redresser la commune est prioritaire, comment faire quoi que ce soit sans argent ? ». Ont-ils des infos que nous n’avons pas, sommes-nous, ici, encore sur l’épisode cour des comptes ? Décidément, tout le monde en parle ! Il est vrai que sur Internet certains sites n’hésitent pas à publier des chiffres « alarmants » et ce depuis 2012 .
(voir en exemple ce lien)
Internet n’étant cependant pas une source infaillible il est difficile de lui prêter le dicton « tout est bon dans le cochon… ». Prudence !
Nous apprendrons que la liste « Pia Bleu Marine 2015 » est complète (ah!) mais que nous n’aurons pas le scoop du jour, ici non plus, de sa composition totale. Entre nous, nous nous en doutions. Chaque candidat épiera les autres candidats jusqu’au dernier moment et ne dévoilera ses cartes qu’au fur et à mesure, évidemment ! Pas drôle sinon, hein ? Deux autres noms sont quand même donnés : Martine Guérin, retraitée de l’inspection générale des impôts et Évelyne Hervieu, déléguée médicale.
Nous passons donc à autre chose :
Le journal catalan.com : Si vous étiez élu, seriez tenté de rejoindre l’Agglo ?
Jérôme Palmade : Surtout pas, non. Qui voudrait prendre sa dette ! De plus, il nous faut d’abord connaître les dossiers dans leur intégralité.
Marie-Thérèse Fesenbeck ajoute : « Nous nous sommes retrouvés dans la même situation quand nous avons été élus à Perpignan. La difficulté est d’avoir accès aux informations »
Le journal catalan.com : Ne pensez-vous pas être jugé trop jeune pour gérer une ville de + de 8000 personnes ?
Jérôme Palmade : Bien sur que non, il y a beaucoup d’autres exemples. Il faut dire que je suis particulièrement bien entouré, vous le découvrirez. C’est une équipe qui se présente. Daniel, ici présent, est retraité de la Défense Nationale et spécialiste de la gestion du personnel. Voilà un premier exemple de compétences…
Le journal catalan.com : Votre métier de Pompier ne sera-t-il pas un handicap, c’est un métier prenant, de tous les instants quand vous êtes de garde…
Jérôme Palmade : Je me mettrai en disponibilité. Impossible de gérer une telle ville autrement qu’à 100%.
Il nous tend un document. C’est la maquette de son futur tract « Grand sondage Municipales Pia 2015, Les Pianencs ont la parole, votre avis nous intéresse ! » Emploi, sécurité, qualité de vie, enfance et scolarité, impôts locaux, démocratie locale, immigration, circulation et transports, commerce, vie associative et culturelle, social, logement… une cinquantaine de questions sont posées (pardon de ne pas les avoir comptées exactement) ! Qui va prendre le temps d’y répondre, le temps aussi d’un retour à l’envoyeur. La première surprise viendra peut-être de là. Qui sait ? Pour notre part, nous serons attentifs et ne manquerons pas de demander à Jérôme Palmade le résultat de ce « sondage/tract ».
Les candidats et leurs scénaristes nous concoctent la suite de cette saga estivale… Parfait, voyons, écoutons… On en parlera et sûrement reparlera, espérons seulement que les Pianencs auront suffisamment d’éléments objectifs avant le jour de l’urne…
