Alain Ferrand propose d’accueillir 30 familles « dans l’urgence mais pas de toutes les conserver » dans sa commune.
Seuls trois des 226 maires du département des Pyrénées-Orientales – Alain Ferrand (Le Barcarès), Roger Paillès (Espira de Conflent) et Jean-Paul Billès (Pézilla la Rivière) ; ce dernier représentant l’Association départementale des maires, des adjoints et des intercommunalités des Pyrénées-Orientales – étaient présents, ce samedi matin, à la Maison de la Chimie, à Paris, où Manuel Valls, Premier Ministre de la France, et Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, avaient convié tous les maires de France pour leur présenter les diverses aides relatives à l’accueil des demandeurs d’asile et des réfugiés.
C’est Anne Hidalgo, maire socialiste de Paris, qui a prononcé le traditionnel discours d’accueil des participants.
Puis, après l’intervention du ministre Bernard Cazeneuve, se sont succédé à la tribune : Philippe Leclerc, représentant du HCR en France, Pascal Brice, directeur général de l’OFPRA, Bernard Milloir, maire de Pouilly en Auxois (témoignage), Jean-Paul Jeandon, maire de Cergy (témoignage), Pierre-Antoine Molina, directeur général des étrangers en France, M. Dominique Gros, maire de Metz (témoignage), Louis Gallois, président de la FNARS (sur le thème de la mobilisation des associations), Valérie Letard, présidente de la communauté d’agglomération de Valenciennes Métropole, Nathalie Appere, maire de Rennes (témoignage), Sylvain Matthieu, délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement. C’est à 13h que Manuel Valls a prononcé son discours.
Pour Alain Ferrand, « il est clair que le rôle d’un maire c’était aussi d’être présent aujourd’hui à Paris pour écouter, entendre, un message d’humanité essentiel. Si j’osais, je dirai « vital » dans l’exercice de notre mandat d’élu de proximité. Sans plagier quiconque, ceux qui étaient présents ce samedi 12 septembre 2015 à la Maison de la Chimie pourront dire : j’y étais ! Face à la tragédie qui se joue sous nos yeux, on ne peut pas rester indifférent, c’est impossible de fermer les yeux et de continuer à vivre au quotidien comme si rien était. Je sais bien qu’il y a des gens en difficulté dans notre pays, qui demandent des logements depuis des années et qui attendent en dormant dans des taudis, dans leur voiture ou dehors, mais cela ne doit surtout pas nous priver d’agir, de réagir. Les migrants dont nous parlons aujourd’hui ne sont pas des réfugiés économiques, ils viennent chez nous chercher l’asile politique parce que chez eux ils sont condamnés à mort. Ils représentent tout ce que la barbarie de DAECH – l’Etat Islamique – veut détruire, anéantir. Ces gens-là fuient leur pays pour éviter de mourir car ils n’ont plus aucun moyen de résister sur place. On ne parle plus de misère humaine ici, mais bien de détresse humaine ; il ne faut pas confondre ! ».
Il est clair que ce n’est pas en refusant d’accueillir des demandeurs d’asile qu’on règlera le problème des sans-abris.
Alain Ferrand souligne d’ailleurs que la maire de Paris, dans son allocution de bienvenue, a rappelé que sa commune « prend déjà en charge quotidiennement 30 000 sans-abris par le biais d’aides diverses (…) ». Alors, ajoute le maire LR (Les Républicains) du Barcarès, « lorsque certaines associations la critiquent en déplorant que Mme Hidalgo trouve pour les réfugiés des logements qu’elle n’a pas mis à disposition des SDF, la critique est très malvenue ».
Pour ce qui le concerne, Alain Ferrand assume : « je suis venu ici parce que j’ai déposé officiellement plusieurs demandes afin d’héberger des familles en détresse. On ne va quand même pas les renvoyer à la mer ! », s’insurge-t-il. « Je sais maintenant que l’Etat va nous aider. Sur ma commune, il y a un VVF (Village de vacances), j’ai été sollicité par le ministre de l’Intérieur ainsi que par la direction de l’établissement afin d’étudier et de proposer les opportunités envisageables pour accueillir des réfugiés et demandeurs d’asile. La direction du VVF, dans un courrier, dit être prête « à se mobiliser à nos côtés » en nous apportant son soutien dans cette initiative, c’est-à-dire en mettant à disposition des logements de ce VVF… De plus, la commune possède quelques hébergements possibles, je pense là particulièrement aux logements que nous mettons l’été à disposition des gendarmes… ».
Et le maire du Barcarès de conclure : « Si certains ne veulent rien faire, cela les concerne, pour ma part je le répète j’assume mon discours et mes actes. C’est l’occasion de mettre en pratique les grandes valeurs de la République, dont beaucoup nous parlent tout au long de l’année mais qui pourtant, face à de tels événements, sont soudainement muets… Les demandeurs d’asile syriens et iraquiens, puisque c’est d’eux dont nous parlons pour l’écrasante majorité des réfugiés, ne viennent pas chez nous pour faire du tourisme. Ils sont persécutés, ils fuient la barbarie ».
Alain Ferrand a bien précisé devant les médias qu’il souhaite « accueillir 20 ou 30 familles dans l’urgence, mais de ne pas toutes les conserver sur le territoire de la commune… Il s’agit de proposer un accueil de première urgence, puisque nous en avons les moyens, avant que les réfugiés soient répartis sur l’ensemble du département en fonction des disponibilités de chaque commune. Je regrette que certains détournent déjà mes propos, mes propositions en tout cas, en se voulant alarmistes au point de mal interpréter mon appel : ils font croire à la population que Le Barcarès s’apprête à recueillir un nombre considérable de réfugiés et transfomer ainsi la commune en centre de transit. Il n’en est rien. C’est faux ! Outre le dispositif de première urgence que je propose, afin de faciliter l’accueil, la municipalité envisage certes d’accueillir des réfugiés de manière plus pérenne mais seulement 2 ou 3 familles, ce qui correspond à la capacité de la commune ».
Depuis son engagement solidaire pour les réfugiés, Alain Ferrand a reçu de très nombreux témoignages de sympathie en soutien. Parmi ceux-ci, celui de Patrick Soudy, directeur du Village de Vacances « Les Portes du Roussillon » au Barcarès, qui l’a félicité pour cette initiative et qui naturellement donc lui a proposé des possibilités d’hébergement temporaire au sein de son établissement VVF.