L’inquiétude grandit chez nos futurs sapeurs pompiers professionnels. Trente sept jeunes catalans ont passé avec brio le concours national de pompier professionnel en 2013 et sont toujours en attente d’une embauche. Une ombre au tableau, c’est qu’en 2016, ils devront repasser ce fameux concours.
Rattachés à la fonction publique territoriale, les pompiers sont gérés par les Conseil Généraux. Tous les trois ans environ, un concours national est organisé par zone de défense militaire, pour notre part notre zone s’étend sur toute la façade méditerranéenne. En 2013, ce sont près de 5 000 jeunes qui ont présenté ce concours pour moins de huit cent places à pourvoir sur l’ensemble du territoire. Les acquérant ont trois ans pour être embauchés sous peine de perdre le bénéfice de leur travail. Il faut souligner qu’en France sur les 3 000 lauréats, seulement 600 ont intégré une caserne en un an et demi. Ce qui veut dire que plus de la moitié des jeunes, inscrits sur la liste d’aptitude en attente d’affectation, resteront sur le carreau à l’issu des trois ans. Un autre problème qui inquiète les jeunes, c’est que depuis 2013, les Conseils Généraux peuvent embaucher un pompier volontaire de seconde classe pour deux pompiers qui ont le concours professionnel et qui intègrent la caserne au grade de première classe. Ils ont l’impression que l’on dévalorise ainsi leurs acquis et leurs qualifications. Il faut souligner que le barème sportif est presque digne d’un Champion de France et cela demande une préparation physique très importante. De plus, c’est également un investissement pécunier et des sacrifices au quotidien. Trente sept catalans ont présenté le concours avec succès pour seulement 9 postes à pourvoir dans les Pyrénées-Orientales. Au jour d’aujourd’hui, les 9 postes n’ont toujours pas été pourvus. Depuis 2013, il n’y a eu aucune création malgré un manque d’effectif chez les professionnels. On soulignera que pour le SDIS 66 le nombre de lauréats correspond au nombre de places à pourvoir, contrairement aux chiffres nationaux qui vont laisser pas mal de monde au bord du chemin.
87% de pompiers volontaires
Du côté du Conseil Général, on a refilé l’incendie qui couve à la direction du SDIS. Bien évidemment, au sein de la caserne on invoque la conjoncture économique et la nouvelle loi de finance qui réduit de 30% les dotations de l’Etat aux collectivités Locales et Territoriales, ce qui a mis à mal toutes les projections des SDIS comme nous l’explique le Colonel Thierry Grisot, directeur adjoint : « Avec les réductions budgétaires nous ne sommes même pas en mesure de pourvoir les neufs postes que nous avions projeté d’ouvrir. Nos dotations baissent. Dans les P.O. Nous fonctionnons avec 87% de main d’oeuvre issue des rangs des pompiers volontaires pour 35000 professionnels. Nous n’avons pas le choix d’employer des vacataires afin d’assurer nos missions de sécurité publique. Le système a fait ses preuves mais reste toutefois très fragile. C’est une situation difficile à vivre pour tout le monde même pour les cadres de la caserne. Concernant les pompiers volontaires embauchés sans concours pour deux pompiers avec, c’est une manière d’ouvrir la profession à des personnes qui ne seraient peut-être pas en mesure d’obtenir le concours mais qui se révèlent pourtant être de bons éléments. C’est aussi une mesure d’insertion sociale pour une frange de la population qui souhaite s’engager dans une carrière de pompier professionnel ».
Les syndicats restent vigilants
Pour le syndicat CGT, majoritaire, cette histoire des jeunes est une véritable aberration. Après trois ans de volontariat, les jeunes passent un concours relativement difficile pour se retrouver le bec dans l’eau. On sélectionne un nombre de jeunes en sachant délibérément qu’ils ont peu de chance d’être embauchés. A Montpellier par exemple, il y a un véritable plan d’embauche avec 25 pompiers par an étalé sur 4 ans. Dans les P.O. ce n’est pas le cas. Avec 4 000 habitants en plus par an dans le département, les interventions sont en augmentation permanente. A terme, cela va poser problème d’autant que les embauches programmées ne compensent pas les départs en retraite. La politique du département, c’est que tout l’argent passe dans les bâtiments et le casernement. Chaque élu veut sa caserne sur sa commune et du coup, il y a des choix pas forcément judicieux. Pourquoi financer une caserne à Elne alors que l’on en monte une sur-dimensionnée à quelques km, Perpignan Sud. On a des exemples comme ça un peu partout. A Narbonne, ils ont monté une caserne pour 9 million d’€. Celle de Perpignan va coûter 17 ou 18 millions pour le même nombre d’effectifs. Il y a un autre problème du côté des professionnels, c’est le temps de travail. Dans les P.O. ils effectuent des cycles de 24h et l’administration ne leur reconnaît que 17h effectives. Le reste c’est cadeau que ce soit au Jour de l’An ou à Noël c’est pareil. Alors qu’ils demandent depuis des années à être payés heure pour heure comme on le fait déjà dans certaines régions et notamment à Béziers. Chaque SDIS donne le temps de travail à ses pompiers, il n’y a pas de règle. Il y a vraiment un mécontentement chez les professionnels. Pour le moment, ils restent vigilants. Ils attendent le résultat des élections et la prise en fonction d’un nouveau Conseil d’Administration. Et c’est la même longueur d’onde chez les autres syndicats CNFPP et Sud. Les Communes, le Conseil Général à travers le Conseil d’Administration vont devoir réviser leur copie pour conserver dans les années à venir un service qui se montre aujourd’hui irréprochable.