La fermeture du guichet « voyageurs » de la gare de Port-Vendres pourrait être la première étape de cette faillite ferroviaire annoncée
Depuis quelques jours, les craintes des cheminots concernant l’avenir du service public ferroviaire seraient confirmées…
La SNCF et les Autorités organisatrices – Conseil Régional Languedoc-Roussillon, Conseil Général des Pyrénées-Orientales et autres collectivités territoriales – libérées par le vote de la réforme du système ferroviaire, appliqueraient désormais aveuglément une politique d’austérité, toujours selon les cheminots.
Dans les Pyrénées-Orientales, cela se traduirait par :
– la suppression de 14 postes au Fret SNCF dès ce 1er novembre 2014
– la suppression de 2 postes au 1er décembre 2014 et 2 autres postes au 1er octobre 2015 à l’accueil de la gare de Perpignan
– la fermeture du guichet de la gare de Port-Vendres à partir de décembre 2014
– la possible fermeture du Train Jaune au 1er novembre 2015
– la suppression de 2 à 4 postes aux guichets de la Gare de Perpignan
– la suppression des contrôleurs dans la future convention TER (Train Express Régional)
– la baisse du trafic TGV et Intercité.
Les cheminots l’affirment : « Ces projets sont motivés et traités uniquement par l’aspect économique et comptable. Ils ne tiennent en aucun cas compte des besoins des usagers et des citoyens en terme de services, de sécurité ferroviaire, de sûreté et d’environnement (…). Des zones rurales sont complètement abandonnées sur l’autel de la rentabilité. Dans les P-O, les collectivités locales sont en train d’abandonner les usagers du Capcir, de la Cerdagne, des Fenouillèdes et du Vallespir. Sur la Côte Vermeille, après l’abandon du Fret par la SNCF en gare de Cerbère, la délocalisation des centres de santé de Banyuls-sur-Mer et Cerbère, c’est la gare de Port-Vendres qui est aujourd’hui menacée. A quand carrément la fermeture de la ligne Perpignan/ Cerbère/ Port-Bou ? (…). En fermant les gares, les espaces Accueil et en supprimant les contrôleurs à bord des trains, la SNCF renie totalement les besoins de service des usagers. Les voyages deviennent de vrais parcours du combattant notamment pour les personnes à mobilité réduite, les personnes âgées et les novices. Même dans notre département où les collectivités locales ne pensent qu’à développer le tourisme cette notion est abandonnée (…) ».
A moyen terme, la liaison ferroviaire Perpignan-Cerbère/ Port-Bou pourrait n’avoir que deux ou trois arrêts, en gares d’Elne, Argelès-sur-Mer et éventuellement Collioure. Cette ligne serait donc conservée – mais rien n’est si sûr – en qualité de « ligne de secours » en parallèle de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Barcelone-Gérone-Figuères-
L’étape d’Argelès-sur-Mer du TER serait sauvée parce que cette commune abrite la deuxième gare SNCF du département (après donc Perpignan).
Du côté des cheminots, l’ambiance est au pessimisme : « La déshumanisation des gares et des trains va entraîner beaucoup plus d’incivilités. A contrario, renforcer la présence humaine dans les trains en gare réduit fortement l’insécurité. Alors que le souhait de l’entreprise est de supprimer les contrôleurs dans les trains, elle annonce dans le même temps la suppression des guichets en demandant aux usagers de prendre leurs billets directement dans le train. Quelle est donc la cohérence de la SNCF qui communique en même temps sur la lutte anti-fraude, la sécurité à bord des trains et la préservation des recettes pour l’entreprise ? », interpellent les cheminots sous la forme d’un tract.
Ces mêmes cheminots rappellent, dans un autre domaine, que le Grenelle de l’environnement devait acter un nouveau projet pour agir sur le dérèglement climatique et l’environnement : loin des grands discours de l’époque sur le développement durable et du bon sens, les décideurs économiques et politiques de la région Languedoc-Roussillon et des collectivités satellitaires ont pourtant pris des décisions contraires : le Conseil régional et la SNCF son en train (sans jeu de mots !) de généraliser la substitution des trains par des bus sur les lignes TER moins fréquentées !
Du côté de l’emploi, les cheminots rappellent que « après les restructurations en gare de Cerbère, aux guichets de la côte Vermeille, ce sont encore des dizaines de familles qui vont subir ces choix dramatiques. Dans notre département, déjà fortement touché par le chômage et la pauvreté, les décideurs publics qui ont de fortes responsabilités dans le maintien et la création d’emplois doivent agir rapidement ».
Et c’est justement ce silence-là, celui des élus, des conseillers régionaux et des conseillers généraux en particulier, qui détonne, qui inquiète. Car Région Languedoc-Roussillon et Département des Pyrénées-Orientales, sont les deux collectivités territoriales les plus concernées par ce nouveau Schéma directeur en passe de faire imploser la SNCF sur le sol roussillonnais. Pourquoi ces élus sont-ils absents de ce débat essentiel, pourquoi s’en détournent-ils ?
Car pour les cheminots « d’autres choix sont possibles… Dans les P-O, depuis des années, nous portons des projets concrets et réalistes ; des points d’arrêts supplémentaires pour désengorger les routes et le développement économique – Zone TecnoSud/ Facultés, Zone du Marché International Saint-Charles, Zone aéroport/ Polygone nord… – une cohérence dans les schémas de transport, rénovation du Train Jaune à l’identique, réouverture de lignes voyageurs Elne-Le Boulou- Céret et Rivesaltes-Axat, rénovation de la ligne reliant le port de Port-Vendres, arrêt des subventions des collectivités locales pour les opérateurs privés, création d’un Pôle fret à Rivesaltes, etc.-etc. ».