Candidats à leur propre succession, certains « sortants » multiplieraient les obstacles pour empêcher leurs adversaires de faire campagne
– « Je suis horrifiée ! Est-on vraiment encore en démocratie dans cette France qui s’affiche pourtant républicaine ? En campagne, sur le terrain, certains habitants ont peur de me recevoir, ils craignent de s’afficher avec moi, en tout cas c’est ce qu’ils me disent lors de certains portes-à-portes… Entrez vite !, dès fois que le voisin vous verrait, il travaille à la mairie (…) ».
C’est là le témoignage, à peine croyable, d’une candidate aux prochaines élections municipales, les 23 et 30 mars 2014.
Elle affirme que le maire de la commune où elle se présente « exerce des pressions à peine voilées » sur les habitants, « par intimidations ou/ et promesses électorales… Il promet des CDD de 6 mois, à partir du 1er avril, s’il est réélu bien sûr, à tous les administrés qui sont à la recherche d’un emploi (…). Le plus grave, c’est que les gens le croient ! Certains sont dans une telle détresse sociale que la moindre promesse est reçue comme une bouée de sauvetage. Ils acceptent d’être bercés de promesses intenables (…). Mais il y a pire encore dans l’odieux, certains élus du Conseil municipal, qui pataugent volontairement dans le déni de réalité, n’hésitent pas à exhiber des secrets de famille en menaçant de les révéler au grand jour (…) ».
Ailleurs, le maire sortant a carrément pris un arrêté municipal pour faire payer la location des salles communales pour des meetings électoraux… surtout quant il s’agit à ses adversaires de s’exprimer !
Un autre élu a trouvé la parade : il coupe carrément l’électricité – conséquences : pas de lumière, pas de micro, pas de chauffage… – lorsque ses concurrents entrent en réunion publique.
Un autre maire sortant a donné consigne au concierge de la commune « de ne pas être au courant » lorsque l’adversaire et ses supporters débarquent, et de leur signaler qu’il n’a pas les clés pour ouvrir la salle… et ce alors que celle-ci a été réservée depuis plusieurs semaines !
– « Lors des vœux de notre-édile-bien-aimé », raconte un candidat qui conduit une liste en Salanque contre le maire sortant, « celui-ci nous a interdit l’entrée de la salle où se tenait la cérémonie et ses 75 bouteilles de champagne aux frais de la République. Nous n’étions pas munis du précieux sésame, du coup ses cerbères nous ont barré la route (…). Rebelote avec le repas des aînés le dimanche suivant, sur invitation only également !, réservé à la liste entière du maire… De véritables « rangers » encadraient la manifestation pour éviter tout dérangement… Et toujours, une sélection pourtant payée avec les impôts de tous ! (…) ».
Plus au sud, dans le département, un autre candidat aux prochaines élections municipales dénonce « une Opposition citoyenne bâillonnée, muselée, qui a difficilement accès aux lieux publics… Tenez, lorsque nous avons inauguré notre local de campagne, le jour même, à la même heure, le maire a improvisé une inauguration à moins de 100 mètres de notre permanence. Il s’est installé devant un puissant micro et a tourné les imposantes baffles en notre direction pour cracher des décibels à plein volume de sorte que nous n’entendions que lui. Nous n’avons pas pu nous exprimer, ce jour-là en tout cas… ».
Dans les Albères, un Collectif de citoyens dénonce : « On ne peut que constater les effets pervers d’un tel système basé sur le clientélisme qui met toute une population à genoux (…) et qui empêche l’Opposition de s’exprimer, ayant difficilement accès aux moyens de communication municipaux ainsi qu’à la presse locale (déontologie quand tu nous tiens…). Pour les élus sortants, c’est boles de picoulat, langoustes et autres mets consistants, tandis que pour les Opposants, qui ne font pourtant que remplir leur rôle légitime dans l’Opposition, c’est le temps des harengades ! (…) ».
Fort heureusement, tous nos élus ne sont pas dans ce scénario… fallait-il le préciser ?