Marine Le Pen candidate aux municipales sur Perpignan en 2014, une quarantaine de personnes intoxiquées dans un restaurant gastronomique de plage, etc.-etc.
Entre l’Usap et les Dragons catalans, il est un autre sport que le rugby qui se porte bien sur le sol roussillonnais, c’est la pratique de « la rumeur » : elle est partout, dans tous les médias, surtout, dans les dîners en ville (à Perpignan et ailleurs), dans les conversations aux zincs des bistrots ou en terrasses, dans les tribunes, également sur (tous) les chemins qui mènent à La Jonquère le samedi soir… On connaissait localement le refrain « amour, castagnettes et tango », désormais il faut composer avec « échos, rumeurs et brèves de comptoir »
Dernière rumeur en date : elle concerne l’un des restaurants comptant parmi les plus selects, de Cerbère à Menton, ancré sur le sable de la Côte catalane, quelque part entre Torreilles et Collioure… Un chef d’entreprise, et non des moindres, connu et reconnu pour le sérieux dans la gestion de ses affaires, dans une brasserie du littoral non moins réputée par la fréquentation d’une clientèle au-dessus de tous soupçons, affirme, confirme, jure la main sur le cœur que dans « tel club de plage (…) une quarantaine de personnes ont été victimes d’une intoxication alimentaire à la mi-juin (…) ».
L’entrepreneur ne dit pas si ces clients ont été hospitalisés mais, assure-t-il, « l’affaire est grave ».
Renseignements pris auprès des services de l’Etat en charge de l’hygiène sanitaire dans le département des Pyrénées-Orientales : « On n’est pas au courant » ! Insistance auprès des collaborateurs du Préfet : « Rien à déclarer » ! Ce n’est pas qu’on veuille nous cacher la vérité, mais la réalité est là : aucune intoxication alimentaire – surtout à une aussi grande échelle – n’a été constatée, détectée, dans les P-O. Nada ! R.A.S.
Il n’empêche qu’entre temps les révélations, le téléphone arabe, ou plutôt les affirmations du dirigeant d’entreprise ont fait des dégâts, se répandant comme une traînée de poudre dans tous les lieux « tendance », s’imposant comme la vox populi.
Pas question pour autant pour celui-ci de se rétracter. Croisé à une autre table, quelques dîners plus loin, il maintient sa version des faits, avec insistance même, il enfonce le clou à coups de : « c’est notoire », « c’est un secret de Polichinelle ».
Et pourtant, tout est faux.
Des rumeurs comme celles-ci, en Roussillon, il en circule des kilomètres. Il suffit, pour s’en convaincre, d’appeler un ami, une vieille connaissance, de lui demander « une dernière rumeur à raconter », et aussitôt le film se déroule.
Comme l’écrit Pascal Froissant dans son remarquable livre – paru en 2002 (mais indémodable !) aux éditions Belin – « La rumeur, Histoire et fantasmes » : « Elle court, elle court la rumeur, d’autant plus vite et d’autant plus loin qu’elle a trouvé dans la presse sa courroie de transmission. Et depuis l’essor des médias et d’Internet, elle se nourrit des nouveaux moyens de communication, tout comme ceux-ci se nourrissent des rumeurs. N’est-ce pas ainsi que l’avion qui s’est écrasé sur le Pentagone n’a jamais existé ? (…) ».
Parmi les rumeurs actuelles qui agitent le microcosme local et qui enflamment la toile, nous avons sélectionné le petit florilège suivant (mais que tout le monde soit ici rassuré il ne s’agit-là que d’un échantillon) :
– Marine Le Pen qui se présentera aux municipales sur Perpignan en 2014. Elle a acheté un appartement au Moulin-à-Vent.
– La députée Ségolène Neuville remplacera en 2015 Hermeline Malherbe à la présidence du Conseil général des Pyrénées-Orientales.
– Christian Bourquin, sénateur des P-O et président de la Région Languedoc-Roussillon, a mis en place le député Jacques Cresta lors des récentes primaires internes pour désigner le candidat du PS aux municipales de 2014, pour mieux lui prendre sa place le moment venu « face au risque d’un maire FN ».
– Johnny Hallyday possède une maison sur les hauteurs de Banyuls-sur-Mer.
– La chanteuse australienne Tina Aréna est propriétaire de l’ermitage de Consolation, à Collioure.
– Shakira (ou Sabrina ?) a son yacht ancré dans le port de plaisance de Saint-Cyprien.
– Le montant du cachet que touchera le Dj David Guetta pour se produire au festival Electro Beach du Barcarès, s’élève à 480 000€.
– Chantal Gombert, ex adjointe centriste au maire de Perpignan, conduira une liste aux élections municipales de mars 2014… à Bages (où elle est propriétaire d’ailleurs).
– Hélène Rède, l’épouse de l’actuel maire UMP de Banyuls-sur-Mer, dirigera sa liste aux municipales de mars 2014.
– L’astronaute américain Neil Armstrong n’a jamais posé le pied sur la lune le 21 juillet 1969, les images ont été tournées dans le désert du Colorado.
– Etc.-etc.
– Sans oublier les maîtresses des un(e)s et les amants des autres ; les « portés sur la chose » et les démons de midi…
Parfois aussi, la rumeur permet de faire éclater la vérité et émerger le vieux dicton comme quoi « il n’y a pas de fumée sans feu » : on l’a vu avec la situation de l’aéroport de Perpignan, la rétrogradation du Perpignan basket club…
Sur le sol roussillonnais les rumeurs se ramassent à la pelle, quelle que soit la saison.
Rien d’étonnant à partir de là à ce que le fondateur du groupe de rap français La Rumeur soit d’origine… Perpignanaise ! Anciennement nommé Ultime Coalition, c’est en 1995 que le groupe devient La Rumeur, avec l’arrivée de Hamé, de son vrai nom Mohamed Bourokba, né à Perpignan en 1975. Titulaire d’un DEA de Cinéma et de Sociologie des média, il quitte le quartier perpignanais Saint-Jacques à l’âge de 17 ans, dans le cadre de ses études pour rejoindre la région parisienne.
Drôle de coïncidence, non ? En tout cas, ça ne s’invente pas.