Il aurait eu 60 ans le 7 octobre prochain. La maladie l’a emporté le 26 août.
Père de 2 enfants, Sophie et Jordi, Christian Bourquin était natif de Saint-Feliu-d’Amont, dans le canton de Millas (département des Pyrénées-Orientales).
Ingénieur territorial de formation, sa première élection au poste de conseiller général remonte au 27 mars 1994, où il se fait élire sous l’étiquette socialiste (PS) dans le canton de Millas, jusque là détenu par son beau-père de l’époque, François Beffara, dont la fille Damienne (et mère de ses 2 enfants) est d’ailleurs toujours la maire du chef-lieu.
Cette année là, avec lui entrent dans l’hémicycle de l’Assemblée Départementale : Georges Armengol (élu dans le canton de Saillagouse), Jacques Bouille (Saint-Cyprien), Jean-Claude Kaiser (Perpignan V), Marie-Cécile Pons (Perpignan VI), Jean Rigual (Perpignan IX) et Yves Rousselot (Saint-Estève).
Quatre années plus tard, en 1998, contre toute-attente, déjouant tous les pronostics, Christian Bourquin gagne les élections cantonales en faisant basculer de Droite à Gauche la Majorité départementale, et en délogeant le Roi René (Marquès, UDF) du fauteuil de Président du Conseil général.
A partir de là, tout va lui sourire, politiquement s’entend. Tout va très vite. Christian Bourquin va rafler la mise à chaque échéance électorale, seule la citadelle Alduyiste, Perpignan, résistera à ses assauts répétés. Le 10 novembre 2010, il succède à feu Georges Frêche (son mentor) à la présidence du Conseil régional Languedoc-Roussillon. Le 25 septembre 2011, il est élu sénateur des P-O par les grands électeurs de son Pays Catalan… Il a même été député de la 3ème circonscription des P-O, du 12 juin 1997 au 18 juin 2002 (il sera battu par l’UDF François Calvet qui sera le seul à le battre !).
Chef de clan, ou de tribu, Christian Bourquin est incontestablement le « lider maximo » dans les P-O. Socialistes, mais également communistes, radicaux, écologistes, centristes, tous, à Gauche, n’ont qu’à bien se tenir s’ils veulent avoir droit à leur part du gâteau. Les Jean Codognès, Jacqueline Amiel-Donat et d’autres plus anonymes en feront les frais. Christian Bourquin ne leur pardonnera jamais leurs incartades. Ils essaieront de voler de leurs propres ailes, mais ne réussiront plus jamais à atterrir sur la scène politique locale…
Christian Bourquin a le pouvoir et il entend bien le conserver, coûte que coûte, vaille que vaille, refusant de le partager… sauf avec des personnalités dont il sait en retour qu’elles ne s’opposeront jamais à sa ligne de conduite, à ses directives, ou qu’elles ne le trahiront pas dès le premier gadin électoral.
Car en politique, c’est ce qui faisait sa force, Christian Bourquin savait très bien s’entourer avant tout de gens fidèles, pas de béni-oui-oui comme trop souvent la presse locale avait la médisance de le raconter. Car très étonnamment, bizarrement, alors qu’il ne l’ont jamais fait avec les autres hommes politiques des P-O, de Droite comme de Gauche, les plumitifs roussillonnais ne lui ont pas fait de cadeaux, concernant sa santé ou sa vie privée. Les médias made in P-O l’ont traqué à tous les étages, guettant le moindre désordre dans son inconduite, dépassant les bornes de la PQR pour aller verser dans les colonnes de la presse « pipole » pour battre un pavé malsain.
Si Christian Bourquin se montrait plutôt tendu, cassant par rapport à certains journalistes, c’est bien parce que ceux-ci pervers dans la curiosité n’avaient pas hésité à se lancer dans un déballa ge presque indécent sur sa vie privée, sur sa maladie, puisque n’hésitant pas à annoncer régulièrement sa mort dans des chroniques rédactionnelles…
Christian Bourquin ne voulait pas être traité comme un Saint, il souhaitait tout simplement qu’on le respecte du haut de sa fonction et qu’on le juge sur son bilan d’élu, de décideur, et pas sur son bilan de santé !
Du Pays Catalan à Sud-de-France, il aura réussi l’exploit d’Etre une marque régionale. Bien avant tout le monde en Languedoc-Roussillon, et en cela il était avant-gardiste, Christian Bourquin avait compris et, surtout, mis en application le fait qu’il n’y a rien de tel pour séduire le grand public que de vendre des produits dont l’image, l’identité régionale est forte. Il était convaincu que là – avec nos vins, notre gastronomie, nos produits divers, notre environnement exceptionnel des Cévennes aux Albères, etc.-etc. – se trouvait le bon filon pour aller de l’avant et réussir à l’heure de la Mondialisation.
Jusqu’à la fin, son coeur et son âme auront vibré aux rythmes du Languedoc-Roussillon. D’ailleurs, son ultime combat dans le cadre de la réforme territoriale pour faire du Languedoc-Roussillon « un territoire à part entière » en atteste, même si c’était déjà perdu d’avance !