Trois organisations membres de la Nupes organisaient une réunion publique sur les retraites mardi soir 31 janvier à Saint-Laurent de la Salanque. A la tribune, un représentant de chacune de ces formations politiques : Mickaël Valade pour Génération.s, Charlélie Causse pour EELV, Francis Daspe pour La France Insoumise. Dans la salle, étaient notées avec satisfaction les présences de membres de GDS (Gauche démocratique et sociale) et de l’animatrice du courant favorable au sein du Parti Socialiste à Olivier Faure et donc pro-Nupes, Anne-Marie Brignon. Satisfaction et enthousiasme décuplés après le succès éclatant de la manifestation intersyndicale du matin à Perpignan avec plus de 20 000 participants venus clamer leur franche et résolue opposition à cette réforme.
« Il s’agit d’une réforme absolument pas nécessaire, brutale et inefficace ». C’est par ces termes que Charlélie Causse introduisait son exposé en s’appuyant sur les constatations effectuées par le COR (Conseil d’orientation des retraites) dans son rapport. Pour lui, elle s’inspire d’une conception libérale de la société, en opposition aux services publics, aux salaires et à l’emploi. « Moins d’emplois, moins de masse salariale, c’est surtout moins de cotisations pour financer les retraites et les autres branches de la sécurité sociale », faisait-il remarquer. La question des retraites renvoie bien à un enjeu de civilisation, qui pose la question du travail dans la société, et en demandant s’il fallait « vivre pour travailler ou travailler pour vivre ».
Mickaël Valade rappelait quelques unes des déclarations (antérieures) du Président Macron, notamment celle (pourtant pas si lointaine) où il jugeait inopportun de reculer l’âge de départ à la retraite. « Ces propos constituent un parfait argumentaire contre l’actuel projet de réforme des retraites présenté par le gouvernement Borne ». Il poursuivait en insistant sur la malhonnêteté intellectuelle du Président de la République qui voudrait faire croire après coup qu’il aurait été élu par les françaises et les français pour réformer les retraites. « Il n’a certainement pas reçu mandat pour une telle réforme qui est récusée par environ 80 % de nos concitoyens ! Qu’il écoute d’abord le peuple ! ». Il rappelait l’urgence de rehausser bon nombre de retraites agricoles réduites à portion congrue dans un département rural et de surcroit frappé par une forte précarité comme les Pyrénées-Orientales.
Pour sa part, Francis Daspe rappelait les conditions dans lesquelles le système par répartition de retraites avait été mis en place au lendemain de la Libération, dans le cadre de la création de la Sécurité sociale. « La France était alors un pays ruiné par les effets cumulatifs de la crise économique des années 30, de la seconde guerre mondiale et de l’occupation, dans lequel le rationnement des produits de première nécessité était une réalité quotidienne ». Un choix de société et de civilisation présida à cette décision. A rebours de l’idée véhiculée par les adversaires acharnés des retraites par répartition, l’argent des pensions de retraites versées chaque mois, provenant des cotisations, n’est pas de l’argent stérile, inutile, improductif et donc perdu pour l’économie. « Au contrainte, par leurs dépenses de consommation, les retraités contribuent à alimenter l’économie en réinjectant ces sommes reçues, d’autant plus qu’elles restent hors de portée de la voracité des marchés financiers spéculatifs », expliquait-il.
Les échanges stimulants qui s’engagèrent avec l’assistance conduisirent à confirmer l’idée que cette réforme est davantage franchement dogmatique que purement idéologique, car elle repose « plus sur de simples croyances que sur des arguments rationnels ».