Voilà quelques années, les petits bureaux de Poste en zone rurale fermaient un à un. Les opérations courantes, dépôt d’un objet ou affranchissement, étaient alors confiées à l’épicerie du coin, à la mairie, voire au bar tabac…Désormais, ces logiques de rationalité affecteraient-elles des zones plus peuplées comme Thuir ?
La genèse du conflit.
Juillet 2014. Prétextant la vétusté des locaux, la non conformité des normes de sécurité, la Direction de La Poste annonçait la fermeture du centre de distribution de courrier et la mutation des facteurs de Thuir sur trois sites : Millas, Toulouges, Saint-Génis-des-Fontaines. Pour exiger son maintien, les facteurs aussitôt se mobilisent en grèves tournantes. Malgré le soutien des usagers (clients?) les élus de la Communauté de communes des Aspres, la population, des commerçants, des acteurs économiques, la Direction de la Poste campe sur sa décision. Face à son silence, depuis le 26 janvier, 60 % des facteurs titulaires ont entamé un mouvement social illimité, reconduit par vote chaque matin.
Le conflit s’enlise-t-il ?
La Tramontane cinglante ne décourage pas pour autant les grévistes réunis chaque matin devant la poste de Thuir. Jean-Michel Sol représentant départemental du syndicat SUD Poste 66 contient son amertume et lâche : »Nous sommes au 33ème jour de grève.» Voilà trois jours, à la DIRECCTE 66 de Perpignan, une réunion tripartite réunissait la Direction de la Poste, les représentants syndicaux et postiers, la Direction du Travail. «Nous y allions assez optimistes pour tenter de porter le débat sur nos propositions d’ouverture par la voie de nombreuses concessions concédées.» Jean-Michel Sol de préciser celles-ci : »Nous avions admis les délocalisations d’une partie des tournées proches de Saint Génis, du transfert des tournées colis à Millas, accompagnés du sacrifice de mutation de certains collègues. Ces aménagements libéreraient des surfaces afin d’améliorer ergonomie et sécurité dans les locaux de ce centre de distribution. Cela permettrait, de conserver, à Thuir, l’activité de tri et distribution courrier sur site. La Poste conteste notre analyse, seulement obnubilée par les gains sur les coûts transports et immobiliers.»
Quel est le résultat de cette réunion de concertation ?
«La Direction n’a pas démontré sa volonté de concertation. Elle joue le pourrissement de la situation, spécule sur l’usure physique et psychologique des facteurs, compte sur l’impact financier pour démobiliser.» Analyse Jean-Michel Sol. Un cas isolé ? «Ce projet de fermeture n’est pas un cas isolé dans le Département. Il va concerner, Perpignan Arago, Arles/Tech, Amélie les Bains… C’est une stratégie politique de rationalisation des coûts à grande échelle ! » Annonce le syndicaliste et de centrer le débat : «Au-delà de l’aspect catégoriel, cette lutte constitue pour nous tous citoyens un enjeu majeur de société. Quid du service public de proximité en milieu rural ?»
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