A l’ordre du jour de la réunion publique organisée par l’AGAUREPS-Prométhée jeudi 20 novembre 2014 à Thuir, la censure par le Conseil constitutionnel le 6 août dernier d’une mesure contenue dans l’article 1 de la loi de financement rectificative de la sécurité sociale (LFRSS) : la réduction dégressive des cotisations salariales de sécurité sociale pour les salaires proches du Smic. Alain Mih, qui assurait l’animation des débats, présentait les deux conférenciers, Francis Daspe et Stéphane Mestres.
Après avoir rappelé les faits, Francis Daspe, secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée, indiquait les deux principes fondamentaux de la Sécurité sociale, que la disposition gouvernementale censurée était de nature à remettre en cause : l’obligation des cotisations et l’universalité des prestations. « Ce sont deux garde-fous aux risques d’une protection sociale à la carte ou de sa privatisation », estimait-il.
Il montrait ensuite que « cette mesure, apparemment socialement juste et généreuse, révélait de multiples contresens concernant la politique économique du gouvernement ». « Ce n’est pas le levier des cotisations sociales qui permet de donner du pouvoir d’achat aux catégories les plus modestes : c’est d’abord l’affaire de l’augmentation des salaires, ensuite des revenus de transfert ».
Stéphane Mestre prolongeait la réflexion en expliquant qu’il était illusoire de croire que la baisse des cotisations sociales favoriserait la création d’emplois. « La lutte contre le chômage passe par une politique de la demande, et non pas de l’offre ». Il en va de même pour un hypothétique meilleur partage des richesses. « Ce n’est pas la raison d’être des cotisations sociales, mais celui de l’impôt progressif sur le revenu qui reste l’outil le plus approprié pour une véritable redistribution des richesses ».
Il concluait en estimant que « par cette réflexion sur les cotisations sociales, c’est en réalité l’architecture même du pacte de responsabilité du gouvernement Valls qui s’effondre ».
Après des échanges nourris avec l’assistance, les organisateurs étaient visiblement satisfaits de la tournure des événements. Ce sujet a priori technique et éloigné des conditions de vie quotidienne de la population a permis de questionner un champ très large de sujets. Une réussite donc pour l’AGAUREPS-Prométhée qui avait fait le pari de l’éducation populaire et de l’intelligence citoyenne.