Il était, en plein cœur de la vieille ville, une échoppe atypique, aux réminiscences d’un passé révolu, où il faisait bon fouiner, dénicher, découvrir… La petite boutique exhalait des effluves de vin aux flagrances catalanes…
Ici, pas de « marketing, marchandising « ! C’était d’abord l’accueil qui prévalait, le contact humain. L’éternel chapeau visé sur la tête, attifé d’un perpétuel tablier noir vigneron, Paul Reverdy, alias Monsieur Paul, vous accueillait chaleureusement. Personnage débonnaire, haut en couleur, la faconde chaude gorgée d’expressions méditerranéennes, qui devinait en lui des origines gasconnes ? Son parcours singulier l’avait mené de son Villeneuve sur Lot natal où à 13 ans il devenait apprenti manutentionnaire pour migrer à Perpignan à la tête d’une société de transport de fret de 1200 camions… Depuis 1992, il tenait boutiques juxtaposées : Lui c’était le vin ; Brigitte, son épouse, les fleurs. Monsieur Paul contait et racontait à l’envie son autre passion : Le Rugby, l’USAP pour lesquels il avait consacré avec son épouse Brigitte, plus de vingt ans de leur vie comme dirigeants. D’ailleurs, les murs de l’échoppe étaient tapissés de photos souvenir couleur sépia, de vieilles gloires du rugby catalan. Là, dans un semblant de bric-a-brac, savamment organisé, un florilège des grands crus du Roussillon, Domaines Cazes, Piquemal, Terrassous, Mas Amiel… côtoyaient de prestigieuses bouteilles des grands terroirs français parmi des grills à escargots, des puro… Au fil des va-et-vient des passants, le tenancier n’avait de cesse d’être interpellé : « Salut Paul ! « en échange, toujours le mot gentil ! Il participait à la vie de cette ruelle du centre ville… Elle a perdu de sa superbe puisque Paul (Reverdy) et Brigitte ont tiré les rideaux de leurs échoppes. Hélas cloué depuis de longs mois sur un fauteuil, Paul lutte contre la maladie de Charcos. Il ne peut profiter d’une retraite bien méritée. Pour autant, il n’a pas perdu sa gouaille : »Je dois tordre le cou à la rumeur que font courir des âmes mal-attentionnées comme quoi je ne payais pas les loyers de mes commerces ! » S’insurge cet homme viscéralement honnête. Porte-toi bien, Paul ! Déjà, nombreux, sont ceux qui vous regrette Brigitte et toi…