Ce mardi 24 août, le Parti de Gauche 66 (PG 66) effectuait sa traditionnelle rentrée politique à Thuir. Au menu, une réunion publique pensée sur le mode formation militante pour évoquer le thème « L’Union populaire, stratégie pour la Révolution citoyenne ». La thématique s’inscrit dans la perspective de la séquence politique s’ouvrant avec les élections nationales de 2022, la présidentielle suivie des législatives. Les débats ont été nourris par les interventions de René Revol et de Francis Daspe (Une).
René Revol, maire de Grabels et vice-président Montpellier Métropole, s’attachait à décrypter le concept de révolution citoyenne. « L’idée de révolution citoyenne part de l’idée simple que reconduire à l’identique l’existant n’est plus possible. La situation exige par conséquent des bouleversements majeurs et des ruptures significatives », expliquait-il en préambule. Il estimait que la situation s’inscrit à la fois dans le sens de l’Histoire et correspond à la situation de crises multiformes que nous connaissons. Et de citer quelques uns des éléments de crise : la rupture du consentement démocratique qui exige la mise en place d’une 6ème République, des inégalités sociales considérables dans la répartition des richesses nécessitant un autre partage conforme à l’intérêt général, les menaces de destruction de l’écosystème humain avec les ravages occasionnés par le capitalisme nécessitant une planification et une bifurcation écologiques ouvrant la voie à la règle verte (ne pas prendre sur la nature plus qu’elle ne peut régénérer).
« Nous devons faire face à une nouvelle étape dans le processus d’émancipation, qui a concordé à chaque fois avec des révolutions : l’émancipation de l’individu avec la révolution française de 1789 / 1794, l’émancipation collective sociale avec les combats du mouvement ouvrier des 19ème et 20ème siècles ». René Revol considère que la tâche du moment consiste à préserver les conditions même d’existence de la planète. « La révolution citoyenne est le mouvement de l’humanité visant à améliorer son sort : l’enjeu est de permettre au peuple de se refonder politiquement autour de la notion de biens communs, indispensables pour une vie digne, et que le capitalisme veut marchandiser ».
Pour sa part, Francis Daspe, auteur de deux ouvrages sur le sujet (« La Révolution citoyenne au cœur », « 2022. Pour renverser la Table à la présidentielle », tous deux parus aux éditions du Borrego en 2017 et 2020), commençait par rappeler les fondements de la stratégie populiste aux origines du lancement de La France Insoumise en 2016. « Elle réside dans le choix de chercher à fédérer le peuple sur des causes d’intérêt général de préférence aux tentatives de rassembler la gauche sur le mode cartel et au final sur le plus petit dénominateur commun. Dans cette configuration, l’opposition majeure oppose les oligarchies au peuple, ce qui permet de revigorer la réalité d’une lutte des classes pour laquelle le vieux clivage gauche / droite n’est plus opératoire car une partie de la gauche a changé de camp ».
Il poursuivait en listant un certain nombre d’atouts dont bénéficient La France Insoumise et la candidature de Jean-Luc Mélenchon : une indiscutable résonance au sein de la population, la possession d’un socle électoral non négligeable comme le montrent les sondages, la capacité à engendrer des dynamiques populaires, un programme solide et chiffré intitulé « L’Avenir en commun », une cohérence dans la stratégie et l’action unanimement reconnue etc. « Tout cela permet d’envisager une perspective majoritaire, la seule en capacité à créer dans le camp du progrès humain une espérance de changer les choses radicalement. Parce que la crise démocratique surplombe toutes les autres, comme c’est le cas dans toutes les périodes révolutionnaires, je mets en avant le concept de démocratie plébéienne afin de réactiver l’implication populaire et de susciter de nouvelles utopies mobilisatrices », indiquait Francis Daspe.
Tous les deux ne sous-estimaient pas les défis et les obstacles qui se dresseront sur la route, comme autant de plafonds de verre qu’il faudra briser. « Notre tâche prioritaire est de lutter contre la désaffiliation touchant une partie croissante de la population qui ne se sent plus concernée par le jeu électoral », analysait René Revol lors des échanges avec la salle. Francis Daspe abondait dans ce sens, par un examen du panorama politique actuel. « Aujourd’hui, toutes les forces politiques doivent faire face à des incertitudes et des problèmes non résolus. Elles ne disposent en fait que de trous de souris ». Militer consistera à élargir ces trous de souris…
La séquence politique de 2022 s’annonce décidément à la fois indécise et passionnante.