Frédéric Granell. Tout juste 40 ans. Et un parcours professionnel intense, qui l’a conduit jusque de l’autre côté de l’Atlantique, plus précisément au Canada, à travers des formations et des emplois divers et variés.
Il a bossé en usine, travaillé dans la sécurité, servi dans l’Armée et la restauration, il a été au mail comme on dit dans les P-O, aux fourneaux, retroussant les manches ici, prenant le taureau par les cornes là-bas. Tout ça avec, au commencement, un simple Bep dans l’Agriculture et son bac en poche. Comme quoi, il n’y a pas de sots métiers (il n’y a que de sottes gens) et, selon l’expression consacrée, il n’y a pas que le journalisme qui mène à tout (à condition d’en sortir) !
Son rêve américain à lui, Fred l’a croisé au Canada, où il a vécu pendant deux ans. A force de rencontrer les gens, d’observer les us et coutumes dans la rue, dans les cafés, un jour il a vu défiler dans la lucarne du petit-écran un reportage sur une marque de vêtements. Rien d’exceptionnel, pas de quoi fouetter un créateur ou d’inquiéter les fondateurs de H&M, mais une démarche insolite de la part des « graffiteurs » sur textile : « J’ai relevé le logo, Gentlemen-Brothers, son originalité a attiré mon attention, c’est à partir de là que l’idée m’est venue de dupliquer cette initiative autour d’un slogan identitaire, mais pas clivant ».
De retour dans l’Hexagone, en Pays Catalan, dans son Roussillon d’origine, très exactement à Villelongue-dels-Monts (environ 1 800 habitants), au pied des Albères, au milieu de ses « muntanyes regalades », et surtout à proximité de son village natal, Sorède… le concept n’a cessé de le taquiner, voire de le tarabuster, pire de l’asticoter au point de s’imposer à son subconscient comme un problème de conscience et ne (presque) plus en dormir la nuit.
Les premiers t-shirts de sa collection ont été imprimés dans une boutique d’Argelès-plage
Dans sa salle-à-manger, dans l’arrière-cour de sa maison, son jardin secret, il n’a cessé de convoquer sa famille, notamment son frère Bruno et ses potes, afin de les initier à son projet, ou plutôt de les familiariser avec, et surtout de connaître leur avis, même si pour lui, au fond de lui, la cause était déjà entendue, le sort en était jeté.
De longues discussions en passionnantes suppositions, le projet était scellé, bien ficelé, posé sur les rails destination : la concrétisation.
C’est dans l’une des allées commerçantes du quartier piéton d’Argelès-plage qu’il a trouvé l’enseigne idéale – « T-shirts Custom » -, pour procéder avec succès à l’impression du graphisme des premiers exemplaires de sa collection exclusive, sous la marque : « Som Germans* » (Catalunya).
« Il ne faut surtout pas y voir un message politique », prévient-il. « Je suis contre les chauvinismes exacerbés, lesquels à l’arrivée ne font souvent que diviser. Cela n’empêche pas d’être fier avant tout, d’être fier de nos racines, de notre Histoire, de notre territoire à cheval sur les Pyrénées ».
Et c’est ainsi qu’il souhaite que l’étiquette « Som Germans » s’affiche sur tout le territoire, surtout dans les moments festifs, que la future production et diffusion de sa marque de vêtements épurés fasse son bout de chemin, entre traditions fortes et langueur méditerranéenne… C’est peut-être là, dans cet espace « made in Textile », que Frédéric Granell avec sa belle âme catalane trouvera son île au trésor. En tout cas on le lui souhaite.
* »Nous sommes frères« .