Le Boulou, nom porté par une boisson pétillante il n’y a pas si longtemps, a été dernièrement le lieu de rendez-vous de vignerons de l’Aude et des P.O. Depuis la nuit des temps, Occitans et Catalans, ont partagé les mêmes peines, les mêmes espoirs. Depuis Pierre II, (1174-1213) roi d’Aragon mort à Muret, près de Toulouse, un même destin les unit pour défendre une culture, un territoire, une identité, un patrimoine.
Catalans et Occitans ont rechaussé les « rangers »
Voilà bien longtemps, trop longtemps, que cela n’était pas arrivé. Évidemment, comme toujours, certains nostalgiques du : « armons nous et partez », pourrons médire sur la manière d’organisation de l’action. Elle a eu le mérite d’exister. De souligner que la situation reste morose. Que les vignerons sont vigilants au sort que leur réserve ceux qui n’ont pas le col de leur chemise mouillée par la transpiration. Cette action, propulse un air de résistance. Sachons l’alimenter pour qu’elle devienne un fermant de luttes et d’espoirs.
Elle reste morose, car, d’une situation à moins 10 % de revenus, elle est passée à moins 5 %. Il n’est point besoin d’être expert-comptable pour faire la soustraction. La marge est encore importante pour arriver à un revenu qui couvre les frais d’exploitation, qui laisse l’argent indispensable aux familles, pour vivre décemment.
Les importations sont le problème
Sa modestie devrait-elle en souffrir en pareilles circonstances, mon ami Gérard Chappert, est une référence en matière de luttes vigneronnes. C’est donc grâce lui, à un coup de téléphone intempestif, venant confirmer son article du dernier « Exploitant », que je me suis décidé à écrire pour apporter mon appréciation dans le débat.
Comme il devait le souligner dans ses écrits, ce ne sont pas moins de 7 millions d’hectolitres de vins espagnols à des prix défiants toute concurrence, qui rentrent sur le marché français. Aujourd’hui, la profession doute et s’interroge sur la provenance réelle de ces produits.
Ne viendraient-ils pas d’Amérique du Sud via l’Espagne ?
Hier, les vignerons, nos pères, ont lutté contre les importations abusives d’Algérie, d’Italie. Ils ont pris des coups sur la tête, par les CRS nos amis. Certains des nôtres sont morts. Finalement, Montredon-Corbières, n’est pas si loin ; est ancré dans la mémoire collective comme une journée ou la profession a laissé un testament : « celui de rester debout contre l’adversité. Peu importe le prix à payer ».
C’est le « Che » qui disait : « Mieux vaut mourir debout que vivre à genoux ».
Cette maxime, pleine de bon sens à mon avis, est pleine d’actualité encore aujourd’hui.
Qui organise les importations de vins, mais aussi de pesticides et autre qui vont avec ?
Certes, les grands groupes de l’agroalimentaire font toujours leur sale boulot. Acheter à vil prix, pour revendre le plus cher possible. Peu leur importe la misère des travailleurs de la terre. Peu importe les drames humains, les squelettes aux os blanchissants laissés sur le bord des sentes, des ravines. Cela n’est pas sans nous rappeler Simon de Montfort et sa troupe de Croisés, venus combattre les Cathares. Ils ont laissé derrière eux, à Béziers entre autres, pas moins de 10 000 morts. Le légat du Pape, Arnaud Amaury, s’était exclamé : « Tuez-les tous. Dieu reconnaîtra les siens. »
Même si tout n’est pas parfait, loin s’en faut, une chose est pourtant certaine. Les vignerons ne mourront pas l’arme au pied et entendent être reconnus pour leur participation méritante, active, dans l’économie de notre pays.
Mais le vin, ne transite pas uniquement par la grande distribution.
Joël Castany, ancien président du Val d’Orbieu, dans une interviewe parue sur le site de l’Indépendant, devait faire comprendre que, finalement, les vins qui étaient importés, passant par des groupements de producteurs, permettaient, à ces derniers d’assurer un revenu. Voilà des années que ce personnage impliqué dans la vie viticole avec des responsabilités importantes, tient ce langage. Mesurons ou nous en sommes aujourd’hui.
Est-ce que la tramontane salvatrice continuera de souffler pour amener ce vent de révolte saine et nécessaire pour changer ? L’avenir parlera.