Le lancement du label « Vin de Céret » marque un tournant pour la viticulture des Pyrénées-Orientales. Avec une production annuelle estimée à 2,5 millions de bouteilles et 32 producteurs locaux adhérents, cette initiative vise à dynamiser l’économie viticole régionale face à un marché mondial de plus en plus concurrentiel. Dans un contexte où les exportations de vins français ont chuté de 5,7% en 2024, ce nouveau label pourrait-il insuffler un nouvel élan au secteur ?
Un label pour redynamiser la viticulture locale
Le 15 février 2025, la ville de Céret a officiellement lancé le label « Vin de Céret » pour promouvoir sa production viticole locale. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de redynamisation du secteur viticole français, qui a connu une croissance modérée de 2,3% en 2024 selon les derniers chiffres de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV).
Le label « Vin de Céret » vise à distinguer les vins produits dans un rayon de 15 km autour de la ville, couvrant environ 450 hectares de vignes. Avec un investissement initial de 750 000 € de la municipalité, l’objectif est ambitieux : augmenter la production de 15% d’ici 2027.
Impacts économiques attendus
Croissance du secteur viticole local
La Chambre d’Agriculture des Pyrénées-Orientales prévoit une augmentation du chiffre d’affaires moyen des domaines de 18% sur les trois prochaines années. Les coopératives locales, regroupant 65% des producteurs, anticipent quant à elles une hausse de 22% de leurs revenus d’ici 2026.
Effets sur le tourisme et l’économie régionale
L’impact s’étend au-delà du secteur viticole. L’Office du Tourisme de Céret prévoit une augmentation de 30% des visites œnologiques d’ici 2026. Les hôtels et restaurants de la région s’attendent à une hausse de leur fréquentation de 12% dès la première année.
Ces perspectives positives s’inscrivent dans un contexte régional plus large, comme le montre l’investissement de 50 millions d’euros de l’Occitanie pour une viticulture durable, touchant 500 domaines.
Soutien institutionnel et financier
La région Occitanie a alloué un budget de 1,2 million d’euros sur trois ans pour soutenir cette initiative, dans le cadre de son plan de développement rural. Au niveau national, le Ministère de l’Agriculture a annoncé le 18 février 2025 un plan de soutien aux labels viticoles régionaux, avec une enveloppe de 50 millions d’euros sur cinq ans.
La Banque Publique d’Investissement (BPI) a également lancé une ligne de crédit spécifique de 10 millions d’euros pour soutenir la modernisation des exploitations viticoles adhérant à des labels régionaux.
Défis et perspectives
Hausse des prix et réaction des consommateurs
Le prix moyen d’une bouteille de vin de Céret devrait augmenter de 15% sur les trois prochaines années, passant de 8,50 € à 9,80 €. L’Office National Interprofessionnel des Vins estime que cette hausse sera compensée par une amélioration perçue de la qualité, maintenant ainsi la demande.
Enjeux climatiques
Le changement climatique représente un défi majeur pour le secteur viticole. La sécheresse historique en Catalogne, ayant entraîné 2,1 milliards d’euros de pertes agricoles en 2025, souligne l’importance d’adapter les pratiques viticoles aux nouvelles conditions climatiques.
Analyse du marché et perspectives
Selon Marie Durand, analyste chez Wine Intelligence : « Le label ‘Vin de Céret’ pourrait servir de modèle pour d’autres régions viticoles françaises cherchant à se différencier sur un marché mondial de plus en plus concurrentiel. Nous estimons que ce type d’initiative pourrait générer une croissance de 5 à 7% pour les régions concernées sur les cinq prochaines années. »
Le dernier rapport de Rabobank sur le secteur viticole mondial (février 2025) souligne : « Les labels régionaux représentent une opportunité de croissance significative pour les petits producteurs, leur permettant de capturer une prime de prix de 10 à 15% par rapport aux vins non labellisés. »
Cependant, Jean Dupont, économiste à l’INRAE, met en garde : « Le succès à long terme dépendra de la capacité à maintenir des standards de qualité élevés et à investir dans le marketing international. Sans cela, l’effet du label pourrait s’essouffler après 3 à 5 ans. »
Projections et scénarios futurs
À court terme, on s’attend à une augmentation des ventes de vins de Céret de 20% par rapport à la même période de l’année précédente. Les réservations touristiques pour l’été 2025 sont déjà en hausse de 25%.
À moyen terme, si la tendance se maintient, la production viticole de Céret pourrait atteindre 3 millions de bouteilles par an d’ici 2027, générant un chiffre d’affaires annuel de 30 millions d’euros pour la région.
Ces perspectives positives doivent être nuancées par le contexte économique plus large. La crise agricole en Catalogne, avec 120 millions d’euros de pertes et une croissance du PIB limitée à 2,2% en 2025, rappelle la fragilité du secteur agricole régional.
Conclusion
Le label « Vin de Céret » apparaît comme une initiative prometteuse pour dynamiser l’économie viticole locale. Son succès pourrait inspirer d’autres régions viticoles françaises à adopter des stratégies similaires. Cependant, les défis climatiques et la concurrence internationale restent des facteurs déterminants pour l’avenir du secteur.
L’évolution de cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de développement économique régional, comme l’illustre l’émergence de Barcelone en tant que nouveau hub tech d’Europe. La diversification économique et l’innovation seront cruciales pour assurer la pérennité et la croissance de l’économie régionale dans son ensemble.